Réseaux sociaux, logiques marchandes et individuelles et performances économiques : une interprétation des potentialités actuelles de l'économie informelle en Afrique Subsaharienne
Auteur / Autrice : | Joëlle Bouopda Fopoussi |
Direction : | Claude Bismut |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Montpellier 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le secteur informel en Afrique subsaharienne croît constamment depuis quelques décennies. Les premières analyses qui examinent le lien entre les comportements individuels et la taille de l'économie informelle, ont surtout mis l'accent sur le rôle des contraintes fiscales et réglementaires. Des analyses récentes, sur une évaluation des facteurs conjoncturels, tendent à montrer que les comportements individuels dans le secteur informel en Afrique subsaharienne, ne procèdent pas essentiellement de comportements d'évasion fiscale. Et s'il est vrai que les économies africaines sont marquées par un foisonnement de mesures réglementaires, cette situation est plutôt le signe de l'impuissance et de l'éclatement du pouvoir étatique que de son omnipotence. De fait, à la faveur des difficultés économiques, l'économie informelle a surtout été au cours de ces dernières années l'amortisseur des chocs liés au dysfonctionnement du marché du travail et à la compression de la demande globale. En effet, l'application des politiques de stabilisation économique a accéléré le processus d'informatisation avec des répercussions négatives sur l'emploi, la distribution du revenu et la consommation interne. Face à la baisse des revenus salariaux, les opportunités pour constituer un revenu complémentaire sur le marché formel sont rares pour les ménages africains. La possibilité de financer certaines dépenses (logement, transport) par un emprunt est exclue, car les restrictions au recours bancaire sont très fortes. Le système de protection sociale a beaucoup pâti des difficultés budgétaires des Etats, d'où des revenus sociaux quasi-inexistants. La pauvreté croissante réduit la contribution des actes de solidarité aux ressources hors-travail. Si les ménages ne peuvent compter sur l'effet compensatoire de ces dernières, il leur reste la possibilité d'accroître le revenu du travail par une augmentation de l'offre familiale du travail sur le marché informel, en s'appuyant surtout sur leurs réseaux de relations personnelles. Peut-on pour autant en conclure que l'économie informelle se résume en une simple économie de subsistance? Le secteur informel pourvoyeurs d'emplois distribue des revenus nécessaires dans le cadre d'une stratégie de survie des ménages. Il a également pour fonction de satisfaire les besoins essentiels des populations pauvres. Cette réalité contredit l'idée de non fonctionnalité, mais conforte l'idée d'un simple rôle social. Le lien entre l'économie informelle et la formation du capital social souligne pourtant qu'on est bien loin d'une simple économie de survie. Cette démarche ne peut être constructive, que si ce lien préfigure un autre, formellement, établi entre la consolidation du capital social et les performances économiques actuelles.