Thèse soutenue

Développement d'une approche de thérapie génique des leucémies aiguës myéloblastiques

FR
Auteur / Autrice : Aurore Saudemont
Direction : Bruno Quesnel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie et santé
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Lille 2

Résumé

FR  |  
EN

Les leucémies aiguës sont fréquemment mises en rémission complète ou partielle par les chimiothérapies conventionnelles, mais les patients rechutent très fréquemment au cours des mois suivant le traitement d'induction. Il est donc impératif de développer des approches thérapeutiques basées sur d'autres principes que la chimiothérapie. L'immunothérapie semble une voie prometteuse. Nous envisageons de prélever des cellules malignes d'un patient au diagnostic, de transférer ex vivo des gènes dans ces mêmes cellules codant pour des molécules d'immunostimulation, et de les réinjecter au patient en rémission complète, après irradiation, afin de susciter une immunité anti-tumorale efficace vis-à-vis de la maladie résiduelle et ainsi diminuer les taux de rechute. Dans un premier temps, nous avons démontré dans un modèle murin de leucémie aiguë DA1-BCR/ABL-C3H qu'il était possible d'induire une réponse immune anti-leucémique par transfert des gènes du CD154 et/ou de l'interleukine 12 (IL12). Nous avons pu mettre en évidence pour ces transgènes une activité de cellules T cytotoxiques (CTL) et de cellules Natural Killer (NK) contre la lignée leucémique DA1-BCR/ABL in vitro. Concernant spécifiquement la réponse induite par le transfert de gène de lL12, la réponse est CD4+ dépendante, mais CD8+ indépendante. Toutefois, les taux de protection obtenus en protocole thérapeutique ne sont que de 30%. De plus, il a pu être détecté une maladie résiduelle par PCR BCR/ABL chez une partie des souris survivantes en longue rémission après vaccination. Il était donc nécessaire d'améliorer cette réponse anti-leucémique. Pour ce faire, nous avons associé aux transgènes CD154 et IL12, un gène de chimiokine, l'Interferon Gamma Inducible Protein 10 (IP10). Nous avons ainsi obtenu des taux de protection de 80% en protocole vaccinal, ainsi qu'en protocole thérapeutique. Cette amélioration de la réponse immune semble être due à un meilleur recrutement des cellules NK par IP10 par rapport aux autres transgènes. La persistance d'une maladie résiduelle chez les souris survivantes dans notre modèle suggère que la vaccination par des cellules leucémiques modifiées pourrait induire un phénomène de latence tumorale compatible avec la survie à long terme. Nous avons donc isolé ces cellules leucémiques résiduelles et nous les avons caractérisé. Il a été observé une surexpression de deux molécules de co-stimulation B7-1 et B7-H1 au niveau de ces cellules dormantes, corrélée avec une diminution de la sensibilité de ces cellules résiduelles aux CTL. Nous avons aussi observé une hyperméthylation du gène SOCS-1 au niveau de ces cellules, elle aussi corrélée avec la résistance à la lyse induite par les CTL. L'isolement de facteurs de persistance des cellules tumorales à long terme laisse envisager des stratégies thérapeutiques combinées entre génération de CTL anti-tumoraux et blocage des mécanismes de persistance propre aux cellules tumorales.