Art d'invention et invention de l'art : Logique, rhétorique et esthétique dans la Frühaufklarung
Auteur / Autrice : | Stefanie Buchenau |
Direction : | Allen William Wood, Gérard Raulet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | École normale supérieure-Lettres et sciences humaines (Lyon ; 2000-2009) en cotutelle avec New Haven (Conn.), Yale University |
Résumé
Ce travail cherche à réévaluer la signification de l'esthétique de la ''Frühaufklarung'' dans l'histoire de l'esthétique moderne. Contre le discours classique de la littérature secondaire qui le plus souvent réduit cette esthétique à une préfiguration imparfaite de l'esthétique kantienne et postkantienne, il montre que les ''Frühaufklärer'' ne fondent pas seulement une tradition esthétique moderne, mais qu'ils défendent un projet cohérent et original; il convient en effet de situer leur esthétique dans le contexte du débat moderne sur ''l'ars inveniendi'' initié par Francis Bacon et développé par ses successeurs à l'Age classique tels que René Descartes, Gottfried Wilhelm Leibniz et Walter Ehrenfried Tschirnhaus et aussi, à l'aune du XVIIIème siècle, par Christian Wolff. Après avoir examiné les prémisses épistémologiques modernes de ce débat sur l'invention, cette étude analyse les contributions de Wolff et de ses disciples Johann Jacob Breitinger, Johann Christoph Gottsched et Alexander Gottlieb Baumgarten. Wolff introduit un tournant dans le débat antérieur en intégrant une philosophie des arts à l'intérieur de l'art d'invention général. Ses disciples transposent le paradigme heuristique moderne de la science et de la philosophie à la poésie et aux arts de représentation. Selon eux, le poète imite la nature en ce sens qu'il découvre une nature inconnue. De ce nouveau paradigme heuristique découle une nouvelle conception de la critique littéraire comme servant à la fois de méthode de jugement et d'invention. Baumgarten introduit une nouvelle perspective rhétorique, en réintroduisant l'idée cicéronienne d'invention (philosophique et rhétorique) au sein d'un contexte ''logique'' moderne : le vrai philosophe doit inventer des arguments à la fois cohérents et convaincants. Cette idée est au fondement de sa construction d'une seconde méthode d'invention, outre l'analyse logique, qu'il appelle ''esthétique''. Or cette addition d'une nouvelle discipline au sein de ''l'organon'' affecte le système philosophique tout entier et la psychologie et la philosophie pratique en particulier. Baumgarten propose une nouvelle division des facultés supérieures et inférieures et réserve un nouvel espace pour l'art et l'esthétique à l'intérieur de la philosophie pratique.