Thèse soutenue

La souveraineté face à la scène internationale. Usages du concept de guerre dans l'élaboration de la loi naturelle et de la souveraineté chez Hobbes et quelques-uns de ses prédécesseurs

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Auteur / Autrice : Julie Saada-Gendron
Direction : Pierre-François Moreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : École normale supérieure-Lettres et sciences humaines (Lyon ; 1987-2009)

Résumé

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Si le principe de souveraineté a opéré comme un principe d'individualisation des peuples historiques (M. Foucault), il semblait nécessaire de montrer les apports du droit interétatique pour comprendre la formation et la fondation des souverainetés étatiques. Il ne s'agit pas simplement de saisir l'institution et le fonctionnement des Etats en extériorité mais aussi d'affirmer la validité d'un droit qui n'est pas réduit à sa condition (le pouvoir de coercition qui constitue selon M. Weber l'essence du droit); de penser l'espace du droit par delà l'appartenance territoriale (contre le nomos de la terre de C. Schmitt); enfin, de penser le droit non comme le masque des rapports de pouvoir mais comme leur révélateur, et comme l'instrument de leur transformation. La première partie retrace l'élaboration des catégories du droit de la guerre et de la souveraineté d'Augustin à Hobbes (Thomas d'Aquin, Vitoria, Bodin Grotius). Elle montre comment se mettent en place trois éléments du droit des gens moderne : 1) un espace juridique international occupé par des personnes morales (Etats); 2) une homogénéisation de cet espace- l'espace mondial coi͏̈ncidant avec l'espace normatif (dans le droit de la guerre, définition d'un unique régime de l'ennemi); 3) l'affirmation de l'égalité des belligérants, qui implique une substitution de la guerre publique formelle ou régulière à la guerre juste, et tend à concevoir la guerre comme une relation d'ensemble, comme état de guerre ayant des effets de droit spécifiques, ou comme une relation d'Etat à Etat (Rousseau). La seconde partie examine, à partir de la transformation faite par Grotius de la guerre en objection sceptique, et la réévaluation de l'idée d'une crise sceptique au fondement du droit naturel moderne (R. Popkin, R. Tuck, C. Larrère), l'élaboration de la loi naturelle et de la souveraineté chez Hobbes, ainsi que les transformations du concept d'intérêt dans la problématique de la stabilité sociale.