Influences du milieu carcéral sur l'adhésion de détenus séropositifs aux thérapies anti-V. I. H.
Auteur / Autrice : | Diane Lemoine |
Direction : | Marie-Élisabeth Handman |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
En matière de lutte contre l'infection à V. I. H. , les thérapies antirétrovirales prescrites à partir de 1996 ont permis sa chronicisation. Majoritairement contaminés en raison de pratiques d'échange de seringues, ou dans une moindre mesure, de rapports sexuels non protégés, les détenus séropositifs ont pu bénéficier de ces traitements dans le cadre des prises en charge C. I. S. I. H. Présentés comme multivulnérables, confrontés à différentes stigmatisations, parfois considérés comme des marginaux, il a semblé utile d'étudier l'adhésion des détenus à ces médicaments ainsi que son impact sur leu évolution identitaire également modifiée par leur incarcération. Ce qui m'a amené à questionner la relation soignant-soigné et à interroger plus généralement les acteurs participant de l'univers carcéral sur leurs buts. La thèse démontre que les détenus, toxicomanes ou non par ailleurs, sont adhérents à leur traitement à 85 %, taux comparable à ceux obtenus dans la population générale, en raison des stratégies de vie qu'ils adoptent, de leur mètis, et du soutien que leur apporte le monde médical, le monde socio-éducatif comme les associations. Ce qui leur permet de résister à la réification partielle et donc provisoire de leur identité, provoquée par la conception philosophique et politique du milieu carcéral ainsi que par son fonctionnement, atténuée par ailleurs par le respect des droits dont ils y bénéficient et par leurs relations avec certains surveillants. Dans ce contexte, ils parviennent à préserver leur identité et à acquérir des savoirs et des savoir-faires durables. Cependant le caractère totalitaire de la prison contribue à interroger son utilisation en tant qu'outil pénal.