Thèse soutenue

Comment le retard vient aux Français : analyse d'une rhétorique de la planification de la recherche 1940-1970

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Auteur / Autrice : Julie Bouchard
Direction : Geneviève Schméder
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences, technologie et société
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Paris, CNAM

Mots clés

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Résumé

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Peut-on faire du « retard français » un objet scientifique des sciences sociales, c'est-à-dire un objet dont les contours sont aisément discernables des autres objets de sens commun alentour (peur du déclin, de la décadence, etc. ) et dont la manipulation autorise autre chose qu'une lamentation sur le destin d'un pays qui a quitté les cimes glorieuses des rois divins et des empereurs visionnaires pour entrer dans le quotidien des social-démocraties où la science n'est plus qu'une activité professionnelle comme les autres? C'est le pari tenu dans cette thèse, dont l'audace est compensée par un recours à un corpus solidement défini: la « planification » des années 1950-1960 (plans, rapports des Commissions) en matière de science et de technologie. Après avoir tenté de montrer que la posture d'évaluation ne mène qu'à une « tardophilie» ou une « tardophobie » qui renvoient dos à dos les spécialistes, le concept de retard est replacé dans sa réalité de discours historique (l'évolution sémantique est flagrante en 3 siècles). Cela autorise à envisager, de quitter l'analyse du retard pour celle du discours sur le retard, et de montrer que ce dernier est un discours sur l'insuffisance parmi d'autres, qui s'organise entre énonciation et dénonciation (discours constatatif et performatif). Le discours sur le retard prend des formes particulières que l'on peut retracer en thématiques (qui sont dépendantes de la manière d'envisager la recherche dans les années 1950-1960, c'est-à-dire extrêmement disciplinaire) ou en paradigmes (on en dénombre quatre: technocratiste, scientiste, indépendantiste, géocomparatiste). Il s'appuie sur la forte structuration du champ de la planification, entre modernisation des années 1950 et concurrence des années 1960, et sur l'édification des Etats- Unis comme « exemple et menace ». Enfin, et surtout, c’est pendant cette période que le discours sur le retard entre dans un triptyque où il est indissociablement accompagné d'un dispositif de géocomparaison (l'OCDE pour cette période) et d'un appareil statistique sur les ressources scientifiques et techniques.