Thèse soutenue

Étude des facteurs prédictifs des troubles de l'humeur induits par interféron-ά au cours du traitement de l'hépatite C chronique : approche descriptive et transactionnelle

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Auteur / Autrice : Aymery Constant
Direction : Marilou Bruchon-Schweitzer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie de la santé
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Bordeaux 2
Jury : Président / Présidente : Robert Dantzer
Examinateurs / Examinatrices : Marilou Bruchon-Schweitzer, Robert Dantzer, Catherine Bungener, François Lespérance, Patrice Couzigou
Rapporteurs / Rapporteuses : Catherine Bungener, François Lespérance

Résumé

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Les effets secondaires psychiatriques de l'interféron-ά(IFN-ά), en particulier les troubles de l'humeur, peuvent constituer une limite importante à l'observance thérapeutique. Leur caractérisation reste cependant imprécise. Le but de ce travail était de caractériser de façon prospective, à l'aide d'outils standardisés et validés, la survenue de troubles de l'humeur (incidence, facteurs de risque, délai de survenue et traitement) chez des patients traités par interféron pégylé et ribavirine. De plus, le modèle transactionnel du stress a été employé pour mesurer l'effet des transactions et du coping sur l'ajustement aux effets de l'IFN-ά. 97 malades (50 H, âge 46±12 ans) atteints d'hépatite chronique C naïfs traités par interféron-ά et ribavirine pendant 24 à 48 semaines ont été inclus dans l'étude. Ils ont été systématiquement évalués lors d'un entretien semi-structuré (MINI-DSM-IV) à l'inclusion (T0), un mois après le début du traitement (T1), et trois mois après le début du traitement (T2). L'évaluation comprenait : les antécédents psychiatriques personnels et familiaux, les symptômes dépressifs (MADRS), le niveau d'anxiété trait et état (STAI-Y), et la fatigue (BFI). Les patients ont également rempli des questionnaires de stress perçu, de contrôle de la santé, de soutien social et de coping à T1. Les critères d'ajustement (symptômes dépressifs, qualité de vie) ont été mesurés à T2. 33 patients (34%) ont présenté un trouble de l'humeur. Ces troubles de l'humeur correspondaient selon le DSM-IV à un épisode hypomaniaque ou maniaque dans 19 cas (58%) et à un épisode mixte dans 14 cas (42%). La survenue des troubles de l'humeur était significativement associée aux antécédents de dépression, aux symptômes anxio-dépressifs et à la fatigue à T0. Des régressions multiples ont montré que l'anxiété-trait était le principal prédicteur de l'irritabilité et de la détresse psychologique à T2 (β= 0,31; p<0,001, et β= 0,32; p<0,01, respectivement), alors que les perturbations physiques étaient influencées par l'âge (β= 0,28; p<0,01), les antécédents psychiatriques familiaux (β= 0,22; p<0,01), et la fatigue à T0 (β= 0,21; p<0,05). Le soutien social, le contrôle externe et le coping palliatif ont une influence positive mais limitée sur les symptômes à T2 (p<0,05). Des régressions hiérarchiques ont montré que l'effet des antécédents psychiatriques familiaux sur les critères à T2 transite par l'induction de l'anxiété-état à T1. Les troubles de l'humeur sont fréquents (34%), au cours des trois premiers mois du traitement par IFN-ά; et ils associent souvent une composante maniaque irritable. Des antécédents psychiatriques et des symptômes anxio-dépressifs élevés avant le traitement constituent des facteurs de risque majeur vis-à-vis de l'apparition de ces troubles. En revanche, les variables issues du modèle transactionnel du stress n'ont qu'une influence limitée sur l'intensité de ces perturbations.