Thèse soutenue

Islam et rationalité économique : de l'éthique musulmane à la finance islamique : application au cas de la Turquie

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Auteur / Autrice : Isabelle Chapellière
Direction : Gilles NancyOlivier Roy
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance en 2004
Etablissement(s) : Aix-Marseille 2

Résumé

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Le concept d'économie islamique suppose l'existence d'un modèle abstrait reposant sur des valeurs formant une éthique économique inspirée de l'Islam ou celle d'un système économique concret d'une économie islamisée, qui fonctionnerait selon les préceptes de la Charia. A partir des valeurs et des prescriptions contenues dans le Coran et la Sunna, les juristes musulmans ont construit une philosophie ou une morale économique, qui doit guider les comportements individuels de consommation, de production, d'investissement ou d'épargne et qui propose un modèle normatif d'homo oeconomicus musulman, doté d'une rationalité propre liée aux valeurs de la religion. Cette conceptualisation a eu peu d'effets sur les structures économiques réelles, au vu des indicateurs macroéconomiques observés dans les pays musulmans et à l'analyse, à l'instar de Max Weber, de l'hypothèse d'un " esprit du capitalisme musulman ". La théorie économique islamique, des précurseurs aux contemporains, nous semble être davantage une idéologisation ou une moralisation de l'économie capitaliste qu'un renouveau de la pensée. Prenant sa source dans l'interdiction coranique du ribâ, traduit par intérêt ou par usure, la finance islamique parait conforme, dans ses objectifs et ses instruments, à une éthique économique islamique. L'expérience des banques dites " islamiques ", confirmée par l'exemple des Sociétés de Finance Spéciale en Turquie depuis les années 1980, ne représente pas une alternative au système capitaliste : à la fois concurrentes et complémentaires des banques conventionnelles, celles-ci permettent de mobiliser l'épargne de musulmans pratiquants et sont le vecteur d'une islamisation de l'économie capitaliste, plutôt qu'une alternative au prêt utilisant l'intérêt ou le fondement d'un système économique d'un nouveau type.