Compensation articulatoire dans la production des occlusives du français
Auteur / Autrice : | Sandrine Clairet |
Direction : | Noël Nguyen |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langage et parole. Phonétique |
Date : | Soutenance en 2004 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 1 |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011) |
Mots clés
Résumé
La production de la parole se caractérise par une organisation spatio-temporelle hautement complexe des articulateurs. De nombreux travaux visent encore aujourd'hui à mieux comprendre la façon dont le système articulatoire est gouverné. L'une des méthodes utilisables consiste à perturber de manière artificielle les mouvements articulatoires. Les études basées sur ce paradigme ont démontré que le système articulatoire présente une plasticité fonctionnelle remarquable en s’adaptant rapidement à ces perturbations. Nous présentons les résultats d'une étude centrée sur la mise en relief des mouvements compensatoires de la langue quand la mandibule est bloquée, par des bite blocks, dans une certaine position ouverte. Un corpus de 12 répétitions de séquences CVC (occlusives linguo-palatales et /a/, /i/) dans phrases porteuses est enregistré avec l'électropalatographie par deux sujets français avec et sans bite block. Les mesures sont prises sur la base d’une segmentation manuelle des évènements articulatoires et permettent une analyse spatiale et temporelle des mouvements linguaux. Nous avons constaté des modifications spatio-temporelles: le geste articulatoire est modifié par la présence des bite blocks et constitue un témoignage de la mise en place de stratégies de compensation articulatoire. Ces stratégies diffèrent selon le locuteur. Les compensations sont immédiates et sélectives. Les ré-ajustements ont lieu de suite et les variations temporelles intra-segmentales sont cachées dans le geste global de la consonne. Une hiérarchie de la compensation existe et semble régir la production de la parole : quand les contraintes de production sont fortes, la compensation est incomplète, et inversement. D'une manière générale, cette étude confirme que la variabilité articulatoire est une caractéristique inhérente au système de production, et qu'elle lui confère la capacité de produire les sons désirés dans une grande variété de situations.