Rôle des tétraspanines dans le processus infectieux des champignons phytopathogènes
Auteur / Autrice : | Mathieu Gourgues |
Direction : | Marc-Henri Lebrun |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences biologiques |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 11 |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
PLS1, un gène identifié au cours d'un programme de mutagenèse insertionelle est nécessaire à l'infection des feuilles de riz par le champignon a scomycète Magnaporthe grisea. Le mutant pls1- différencie des appressoria matures qui sont incapables de différencier l'hyphe de pénétration nécessaire pour percer la paroi des cellules épidermiques des feuilles de son hôte. Le gène altéré chez le mutant pls1 - code pour une protéine de 225 acides aminés proche des protéines de la famille des tétraspanines. Ces protéines animales appartiennent à des complexes membranaires de signalisation intervenant dans le contrôle des processus d'adhésion, de différenciation ou de mobilité cellulaire. Des voies de signalisations similaires pourraient intervenir chez Magnaporthe grisea au niveau du contrôle de la formation de l'hyphe de pénétration. L'utilisation d'une fusion entre la GFP et la protéine Pls1p a permis de montrer que cette protéine est exprimée spécifiquement au niveau des appressoria différenciés aussi bien sur feuilles que sur des surfaces artificielles. Elle est localisée dans la membrane plasmique et les vacuoles des appressoria. Pasque l'ARN messager du gène PLS1 peut être détecté dans toutes les cellules fongiques, cette expression appressorium spécifique est gouvernée par un contrôle de la traduction. Une analyse par délétion à mis en avant le rôle de la région 5' non traduite de l'ARNm de PLS1 dans le contrôle de ce profil d'expression. Des gènes codant pour des tétraspanines ont été recherchés chez d'autres champignons filamenteux. La combinaison d'approches par PCR et par analyse des bases de données publiques a permis d'identifier trois gènes homologues de PLS1 (BcPLS1, NcPLS1 et ClPLS1) chez les champignons ascomycètes Botrytis cinerea, Neurospora crassa et Colletotrichum lindemuthianum. Un seul gène de tétraspanine a été détecté dans le génome des champignons filamenteux. Les quatre gènes identifiés forment une nouvelle famille de tétraspanines qui n'a pu être rapprochée d'aucune des tétraspanines animales. L'analyse fonctionnelle de la tétraspanine BcPls1p a été réalisée par disruption du gène correspondant chez Botrytis cinerea. Le mutant Bcpls1- est non pathogène sur l'ensemble des plantes testées. Les appressoria de ce mutant sont non fonctionnels puisqu'ils ne permettent pas la pénétration des tissus de l'hôte. Ceci est la première démonstration du rôle déterminant de l'appressorium dans le processus de pénétration de B. Cinerea dans la plante hôte. Par conséquent, les deux mutants de tétraspanines pls1- (chez M. Grisea) et Bcpls1- (chez B. Cinerea) sont bloqués au niveau du processus de pénétration. Le point commun à ce processus chez les deux champignons est un arrêt de la croissance apicale suivi d'une redirection de la croissance dans une direction perpendiculaire à la croissance initiale. A l'issue de ce travail, nous faisons donc l'hypothèse que les tétraspanines fongiques pourraient intervenir dans le contrôle de la redirection de croissance qui intervient, chez Magnaporthe grisea et Botrytis cinerea, lors de la pénétration des cellules épidermiques de l'hôte.