Politiques publiques et développement de l'élevage au Burkina Faso : politique de sédentarisation et évolution de l'organisation sociale et productive des fulbè burkinabè
Auteur / Autrice : | Yacouba Sanon |
Direction : | François Vatin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres, sciences humaines et sociales |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
S'appuyant sur une analyse croisée utilisant les méthodes et outils d'analyse et de recherche de l'histoire et la socio-anthropologie politique et économique, cette thèse rend compte de l'évolution des stratégies déployées successivement par les pouvoirs coloniaux (1891-1960), les gouvernements nationaux issus des indépendances (1960 à nos jours) et les institutions d'intégration politique ou économique (CEBV, CILSS, CEDEAO, etc. ) pour accroître les performances productives de l'élevage, laquelle constitue une activité sociale et économique importante pour plus de 80% de la population du pays, et vitale pour les fulbè du Burkina Faso. L'analyse de l'environnement global qui constitue la première partie a révélé que le mode d'élevage traditionnel pratiqué par les pasteurs fulbè, élevage fondé sur la transhumance et l'exploitation directe des ressources naturelles, avait subi de profondes mutations du fait des changements des rapports à la terre et des politiques publiques mises en oeuvre. L'importance multiforme de l'élevage pour l'économie nationale est telle que les menaces qui pèsent sur cette activité méritent d'être mieux étudiées par les pouvoirs publics. Cette étude exige une analyse appronfondie de la rationalité économique et sociale des populations d'éleveurs ainsi que celle des structures sociales et du contexte socio-historique dans lequel elles évoluent. La deuxième partie de l'étude a porté sur la politique coloniale et post-coloniale française en matière d'élevage qui, mal comprise après les Indépendances par les élites africaines, avait en fait tendu à centrer ses efforts, non seulement sur la promotion de la santé animale, mais également sur l'association agriculture-élevage. Les objectifs de cette politique était assurément la sédentarisation des pasteurs afin de mieux assurer l'ordre social, mais également le développement économique et social, par une imitation de la Révolution agricole européenne du 18e siècle. Dans une troisième partie de l'étude, nous nous sommes attachés à cerner les effets de ces politiques de sédentarisation sur les structures économiques et sociales des populations Peules et des populations d'agriculteurs au sein desquelles celles-ci se sont installées. En conclusion, il est apparu que la sédentarisation des pasteurs et l'intégration de l'élevage à l'agriculture, imaginées comme mode d'organisation des activités productives en zones rurales furent loin d'avoir donné les résultats qu'on en espérait. En effet, les pasteurs bien que confrontés à des difficultés, parfois graves, dans leurs relations avec les populations agraires, continuent à pratiquer une transhumance transfrontalière.