Thèse soutenue

Nietzsche et la critique de la chair : le "concept de Dionysos"
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Auteur / Autrice : Barbara Stiegler
Direction : Jean-Luc Marion
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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L'entrprise philosophique de Nietzsche a le plus souvent été comprise comme l'affirmation inconditionnlle du corps, de la chair et de la vie. Le nom "Dionysos" quant à lui, comme le symbole et l'indice le plus sûr de cette affirmation sans condition. Ce travail tente de montrer au contraire que ce qui s'engage avec le "concpt de Dionysos" (Ecce Homo, "warum ich so gute Bücher schreibe", "Also sprach Zarathustra", 6) n'est ni l'affirmation inconditionnelle de la vie, ni à travers elle celle des corps vivants que nous sommes, mais leur critique. Contre Schopenhauer, Nietzsche reprend le geste critique de Kant et le déplace, vers la chair d'abord, vers l'excès du "flux absolu" ensuite. Si la question des conditions de possibilité est bien reprise, c'est donc pour les déduire d'un tout autre domaine que celui explicitement désigné par Kant. Il ne s'agit pas non plus ici de partir, ni des seuls requisits de la connaissance, ni de l'expérience et de son besoin d'unité, ni même, en dernière instance, des besoins de la vie de la chair, mais des exigences de l'excès du flux (Dionysos). Ce travail espère établir que cette "déduction transcendantale à l'envers", qui conduit la critique des chairs en soumettant leurs schèmes à la sur-saturation du flux, donne à la question transcendantale des conditions et à celle de leur organisation une vigueur, une urgence et une nécéssité nouvelles. Parce que le dieu Dionysos est apparu dans la "Naissance de la tragédie", la première partie de cette étude lui est entièrement consacrée ("Dionysos et Apollon"). Sa seconde partie s'attache à décrire les dés-incarnation du "concept de Dionysos" au cours des années 1880, qui passe d'un contenu strictement charnel (la chair comme milieu continu) à une signification en excès sur le partage du vivant et du sans vie (Dionysos comme "flux absolu"). A la lumière de cette dés-incarnation, la transvaluation par la pensée de l'éternel retour est bien ce qui engage une toute nouvelle critique, non plus de la raison par elle-même, ni mêle de la chair par la chair, mais de la chair par le flux ("Dionysos et Ariane"). Ce premier déplacement de la critique ne doit pas faire oublier ce qui se joue sur son autre front ("Dionysos et le Christ"). Si la critique de la chair doit lutter contre la métaphysique, pourquoi doit-elle lutter aussi contre le christianisme, qui prétend justement supporter jusqu'au bout ce que la métaphysique refuse de recevoir ? Cette étude montre que le double front de la critique de la chair trouve son centre explicatif dans la "loi d'une double condition". A la lumière de cette loi, elle espère démontrer que ce qui se trame entre Dionysos, Apollon, Ariane et le crucifié, bien loin d'être un siple ornement littéraire est une histoire philosophiquement rigoureuse de l'amour (et du désamoutr) entre la chair et le flux.