Les enfants de la colère : anthropologie des passions et littérature en Espagne à la renaissance
Auteur / Autrice : | Marina Mestre Zaragozà |
Direction : | Jean-Pierre Étienvre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Cette thèse cherche à mettre en lumière un moment de la pensée anthropologique et littéraire de l'Espagne renaissante. Il s'agira d'établir comment, au sein de la tradition chrétienne d'inspiration augustinienne, qui conçoit l'homme comme un composé d'un corps et d'une âme aux natures antagoniques, et ne voit dans les passions qu'un danger pour la raison et l'humanité, s'effectue un renversement de perspective radical. Ainsi, après la belle réponse poétique qu'Ausiàs March apporte au déchirement ontologique de l'homme, Vivès s'attache, par une réhabilitation des passions et de leur valeur, à penser une coexistence harmonieuse des deux natures de l'homme. Cette revalorisation des modalités corporelles de l'existence est le point de départ de l'Examen de ingenios où Huarte conçoit un homme qui ne l'est plus que par son corps et ses passions. En même temps, et comme une conséquence directe de cette évolution, la conception de la littérature change, passant de l'exigence d'exemplarité encore présente chez un Vivès attentif néanmoins au plaisir de l'expérience littéraire, à être conçue comme un langage directement adressé aux passions, ce qui est le propre de la Philosophía antigua poética du Pinciano, et marque la naissance de notre propre conception de la littérature.