Le centrisme sous la Ve République de 1962 à 1976 : l'affirmation d'une force politique et la conquête du pouvoir : deux défis impossibles ?
Auteur / Autrice : | Muriel Montéro |
Direction : | Jean-Paul Brunet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire contemporaine |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Après la déroute des élections législatives de novembre 1962, les centristes cherchèrent à construire un large parti, des socialistes aux démocrates-chrétiens et aux libéraux, capable de s'imposer face au gaullisme. Le Centre démocrate fut créé dans la foulée du succès de Lecanuet à l'élection présidentielle de 1965, unissant au MRP des Indépendants et quelques radicaux proches de Maurice Faure, mais ne put résister au poids croissant de la bipolarisation. Des divergences apparurent entre les centristes, dès 1967, que l'élection présidentielle de 1969 cristallisa. J. Duhamel, J. Fontanet, R. Pleven soutinrent Pompidou et créèrent le CDP, réussissant en partie à infléchir la majorité dans le sens centriste. A l'inverse, le Centre démocrate, autour de Lecanuet, soutint Poher et persista dans sa stratégie d'opposition et de tiers parti. Le Mouvement réformateur, né de l'alliance avec les radicaux en novembre 1971, ne réussit pas non plus à devenir le troisième pôle. En 1974, le centre se retrouva uni dans la majorité de Giscard d'Estaing, quittant à la fois l'opposition et son statut de force autonome. En mai 1976, le Centre démocrate et le CDP fusionnèrent, créant le Centre des démocrates sociaux (CDS). L'étude du centrisme de 1962 à 1976, de ses partis, de ses hommes, de son idéologie, de sa géographie, montre qu'il constitua une force politique, appuyée sur une doctrine, à la rencontre du libéralisme, de la démocratie-chrétienne et de la gauche réformiste, fondée sur une stratégie, des pratiques et des comportements spécifiques. Les centristes restèrent toutefois longtemps divisés, éparpillés dans plusieurs petits partis. Le système majoritaire de la Ve République ne fit pas disparaître le centrisme, mais modifia sa place et sa fonction : la bipolarisation ne signifie pas le bipartisme. Ainsi peut-on substituer au clivage droite-gauche une distribution plus fine, rendant mieux compte de la diversité des idées politiques et de la variété des sensibilités.