Thèse soutenue

Le crime d'empoisonnement et son imaginaire dans la France du XVIIIème siècle
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Auteur / Autrice : Frédéric Nicolas Jacquin
Direction : Denis Crouzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L'histoire des poisons fut appréhendée au 19ème siècle par l'école positiviste qui vit dans les récits véhiculés par l'historiographie classique la manifestation de superstitions qui déclinèrent au 18ème siècle. Le travail réalisé qui s'inscrit dans les perspectives d'une histoire soucieuse de l'imaginaire " social " s'est attaché à l'étude de procès peu connus jugés entre 1700 et 1790 dans le ressort du parlement de Paris, et aux représentations produites par le crime de poison. La découverte de l'empoisonnement provoquait des angoisses liées à l'image de la mort violente. L'observation des lésions des victimes, souvent causées par de l'arsenic, participait à la structuration d'un environnement terrifiant. Alertée, la Justice se déplaçait sur les lieux du drame afin de vérifier les faits dont elle était avertie et pour appréhender leurs auteurs. Elle confiait à des médecins la tâche délicate des expertises médico-légales. Lorsqu'elle collectait des témoignages de proches, elle pénétrait le contexte conflictuel de chaque affaire qui avait conduit à la réalisation du meurtre. L'art d'utiliser les poisons apparaissait sous les traits d'une cuisine homicide qui libérait des odeurs agressives à l'opposé de celle de ses remèdes. La recherche des coupables qui était entravée par les ruses des accusés obéissait à des schémas inspirés de l'imaginaire. Ceux-ci faisaient des femmes les principales instigatrices des crimes. Cependant, le stéréotype de l'empoisonneur, longtemps associé à celui de la sorcière, évolua au 18ème siècle afin de former un modèle à part entière. Emblématique d'une abjection absolue, ce criminel devait être châtié avec sévérité dans les flammes du bûcher. Mais à la fin du 18ème siècle, le discours médical des Lumières démontra que l'empoisonnement n'était plus obligatoirement associé au concept de crime et que des morts violentes pouvaient parfois être le résultat d'intoxications naturelles.