Du film au souvenir : Esquisse d'une théorie des processus psychiques du spectateur de films
Auteur / Autrice : | Loig Le Bihan |
Direction : | Jacques Aumont |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Mots clés
Résumé
Le cinéma naît, dit-on, non pas comme invention technique mais comme spectacle collectif. Pourtant, au contraire du théâtre, c'est un spectacle qui nécessite l'obscurité. Chacun y est renvoyé à son intimité. Quelle sera alors, dans la réception des films, la part commune des effets psychiques, et sa part intime ? Telle est la question qui nous accompagnera tout au long de ce mémoire. Pour tenter d'y répondre, nous commençons par un réexamen des propositions faites par les psychologues de l'Institut de Filmologie et, après eux, par les métapsychologues du cinéma des années 1970. Ayant mis en évidence ce que ces propositions partagent - un portrait du spectateur des fictions filmiques régressant à une phase fusionnelle - nous proposons de considérer le spectateur comme un ego clivé, engagé imaginairement dans le film, et s'en sachant pourtant dégagé. Nous ne disons alors pas autre chose que Schiller lorsqu'il décrivait le mode esthétique du pathétique. Le spectateur, même lorsqu'il entre dans un rapport hypnoi͏̈de avec le film ou s'y accorde, s'en sait distinct. Dans un deuxième mouvement, nous distinguons deux régimes d'effets psychiques. D'une part, celui de ce que nous nommons l'effectuation dessine le paysage de l'Efficience du film, lorsqu'elle mobilise la part de notre psyché disponible aux identifications, et enclenche une dynamique cognitive autant qu'émotionnelle. Le régime de l'affectuation, d'autre part, regroupe des effets de Rencontre qui se manifestent soit sous la forme de reliefs de l'effectuation (lorsque le film nous impressionne excessivement), soit dans son interruption (lorsque des images nous arrachent à la diégèse). En dernier lieu, nous cherchons à répondre à cette ultime question : comment la différenciation de deux régimes d'effets psychiques se répercutera-t-elle dans la postériorité du spectacle filmique ? Nous distinguons alors deux mémoires filmiques : dites générique (ou des récits) et spécifique (peuplée de souvenirs d'images).