Photogénie du désir : les films de Michael Powell et Emeric Pressburger, 1945-1950
Auteur / Autrice : | Natacha Thiéry |
Direction : | Jean-Louis Leutrat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études cinématographiques et audiovisuelles |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Mots clés
Résumé
Les six films de Powell et Pressburger réalisés entre 1945 et 1950 mettent en crise le supposé réalisme ontologique de l'image cinématographique ; ils perpétuent la réflexion sur le concept de photogénie, défini par les premiers théoriciens du cinéma. Quoique le '' réel '' restât leur référent, ces films lui substituent l'invention d'un monde, dont l'étrangeté et la part invisible sont privilégiés, et dont le sentiment du fantastique l'imprègne par capillarité. Le spectateur fait ainsi la paradoxale expérience d'une reconnaissance de l'inédit. La figure du trompe-l'œil, dans sa tension permanente entre masquage et désignation, institue une dialectique entre inquiétude herméneutique et plaisir de l'illusion. L'analyse de l'espace formel et narratif des films met au jour une esthétique du débordement, envisagée selon deux axes principaux : l'expressionnisme (en noir et blanc et en Technicolor) et la présence récurrente des récits fictifs (conte, légende, mythe), qui suspendent à l'occasion la narration, et installent le primat de la signifiance. Enfin, la mise en scène du désir, dont les personnages féminins sont la cible mais aussi la source, fait lever des fantasmes parfois '' incarnés '' dans le fantomal (la nature photogénique du désir), et se confond avec la mise en scène de morts annoncées sur un mode aveuglant. Le désir, dans sa circulation entre l'écran et la salle, est la substance de la photogénie. Aussi la photogénie powellienne du désir n'est-elle ni pas une complaisance faite au regard : elle ouvre sur la jouissance du regard spectatoriel.