Permanence du mythe du Minotaure dans la littérature française du XXe siècle
Auteur / Autrice : | Gisèle Baranès-Gorelick |
Direction : | René Martin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2003 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Résumé
Le mythe du Minotaure est pour M. Yourcenar le symbole du combat de la conscience contre l'inconscient. A notre avis, M. Yourcenar a repris le schéma de la psyché de Jung, elle a donné à chacun des personnages de sa pièce '' Qui n'a pas son Minotaure ? '' des rôles correspondants aux éléments le composant. Le labyrinthe serait l'inconscient, le monstre serait le Soi, qu'il s'agit d'explorer sans crainte pour en retirer les forces qui nous permettront de transcender notre condition et d'atteindre le but fixe : l'immortalité. Ariane serait l'Anima qui pour arriver à l'inconscient doit emprunter le pont de l'Animus (Thésée). Mais Thésée se dérobe et Ariane choisit alors la voie bouddhique qui lui permettra, sans l'aide de personne, après les purifications d'usage, de rejoindre le Nirvana ou l'éternité. Montherlant a préféré reprendre et interpréter le mythe de Pasiphaé. Il revendique pour elle et avec elle, la liberté d'aimer toutes les créatures sans distinction. Nous pensons que ce traitement du mythe, recouvre le vrai problème de Montherlant qui était le désir passionné d'inceste. L'utilisation de la psychanalyse de Freud et la relecture de l'ensemble des œuvres de Montherlant, les explications du processus de transfert, d'après Janine Chasseguet-Smirgel, nous ont permis de suivre le développement de la perversion de Montherlant depuis son enfance, son amour pour sa mère, qu'il a reporté sur les jeunes garçons, sur les animaux et en particulier, sur les taureaux. Le mythe de Pasiphaé a été pour lui une mythothérapie dans le sens où il lui a été donné l'occasion de réaliser virtuellement sa passion interdite. Montherlant et Yourcenar nous ont présenté deux élaborations différentes du même mythe mais pour tous les deux le mythe reste un modèle de conduite : pour M. Yourcenar, c'est le modèle d'une conduite héroi͏̈que, mais pour Montherlant aussi, qui prône, comme étant légitime, la liberté de l'accomplissement de soi. Ainsi se manifeste la permanence de ce mythe au XXe siècle.