Thèse soutenue

L'émergence de soi dans les mots de l'autre : les autobiographies amérindiennes du XVIIIème au XXème siècle

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Auteur / Autrice : Lionel Larré
Direction : Bernadette Rigal-Cellard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes américanistes
Date : Soutenance en 2003
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Jury : Président / Présidente : Claudine Raynaud
Examinateurs / Examinatrices : Yves-Charles Grandjeat, Françoise Besson
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves-Charles Grandjeat, Françoise Besson

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse examine un certain nombre d'autobiographies écrites par des Indiens d'Amérique du Nord, du XVIIIème au XXème siècle. Après un bref rappel des définitions de l'autobiographie, elle explore les notions de l'individualité, en Occident comme au sein de certaines tribus amérindiennes, afin de mettre en présence deux visions qui s'opposèrent lors de la rencontre qui eut lieu sur le Nouveau Continent, lorsque les cultures européennes firent face aux cultures indigènes. Cette rencontre eut pour résultat l'imposition d'une matrice sociétale et culturelle, mais qui n'aboutit pas pour autant à la complète disparition des formes culturelles existantes. Des phénomènes de collaboration et de métissages apparurent, ainsi que des transitions, dont l'une consista pour les Indiens à passer d'une orature à une littérature. L'étude explore ensuite ce qui peut pousser un individu, notamment un individu colonisé, à se mettre au centre de son récit et les liens que l'autobiographie peut avoir alors avec la religion (confessions), l'ethnographie ou l'histoire. Selon les cas, les techniques mises en œuvre dans le récit de soi seront différentes : les auteurs utiliseront plus ou moins l'imagination, leur mémoire propre et celles des autres, reproduiront une chronologie plus ou moins erratique, etc. Dans tous les cas, l'autobiographie sera toujours une reconstruction consciente d'une image que l'on veut donner de ses identités, même si cela signifie qu'il faut faire émerger dans son texte des voix autres. Toujours, des pouvoirs sont en jeu dans les histoires qui racontent un individu. Se raconter, s'imaginer dans le langage, c'est également préserver la mémoire d'un héritage reçu, résister aux définitions imposées par le lecteur, reconstruire des identités menacées ou en créer de nouvelles, se définir par rapport à un paysage, à une mythologie ou à une histoire, redonner du sens à un monde dans lequel l'individu a toujours plus de mal à trouver ses repères.