Thèse soutenue

Familles et filles marocaines à Rennes : enjeux et jeux de miroirs : ethnicité et culture

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Auteur / Autrice : Angélina Etiemble
Direction : Pierre-Jean Simon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Rennes 2

Résumé

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Les marocains représentent la population étrangère la plus importante de Rennes. Localisés dans des secteurs assez circonscrits de la ville, leurs relations de sociabilité montrent une réelle vie communautaire, ressentie souvent de manière pesante par les filles. Ces dernières connaissent une socialisation familiale qui est largement "ethnicisée" par la première génération, les mères surtout, responsables de leur éducation. Dans le constexte migratoire, les injonctions parentales à la "marocanité" (""Chez nous, les Marocaines, agissent de telle ou telle façon", "Tu n'es pas une française") tracent la face "interne" de l'ethnicité marocaine, tandus que les stéréotypes de la société française concernant les filles "arabes" (ou "musulmanes", "maghrébines") en constituent la face "externe". Se définissant elles-mêmes comme Marocaines, les descendants de migrants font preuve de conduites plus ou moins "conformes" aux normes et valeurs familiales, que ce soit dans les "sorties", les loisirs la pratique de "l'islam" ou dans "le choix du conjoint". Mais leurs discours et argumentations nous apprennent bien davantage encore sur leur ethnicité qui se construit au regard d'une "double imputation" ethnique, celle des parents et celle de la société française les filles "enfermées", "soumises" "mariées de force" ou, au contraire, "en rébellion"). Leurs références constantes au Maroc d'aujourd'hui, par exemple leur permettent de légitimer leurs "inconduites" sans trahir leur appartenance à une société minoritaire. De la même façon, leur argumentation sur le registre de "l'affectif" (le respect dû aux parents, la sauvegarde de leur honneur) répond, sans le dire, aux présupposés identitaires, implicites et stigmatisants, du majoritaire (en l'occurence, le sociologue) quand il les interroge sur l'islam ou le choix du conjoint.