La passion du négatif : modes de subjectivation et dialectique dans la psychanalyse lacanienne
Auteur / Autrice : | Vladimir Pinheiro-Safatle |
Direction : | Alain Badiou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
L'objectif de cette thèse est de discuter le programme de rationalité qui structure la psychanalyse lacanienne à partir d'une perspective dailectique qui tient en compte la dialectique négative d'Adorno. La proximité entre dialectique négative et clinique lacanienne porte sur la place centrale donnée à la théorie des négations dans la structuration des processus de subjectivation. Selon Lacan, les protocoles de cure analytique demandent la subjectivation d'un mode de négation qui ne soit pas indication d'un non-être, rejet hors de soi de ce qui porte atteinte au principe de plaisir (Verwerfung), dénégation (Verneinung), auto-négation de l'énoncé (Verleugnung), mais qui soit mode de présence du Réel. Il n'y a pas de cure que là où il y a la reconnaissance de la négation comme manifestation du Réel. La clinique lacanienne a donc besoin d'une négation ontologique qui se manifeste surtout dans la sublimation et dans la traversée du fantasme. Elle est le noyau de la dialectique négative avec son projet d'auto-critique. Mais Hegel avait déjà fournit ce protocole de nouage pour autant que la dialectique est l'expérience de déphasage entre désignation et signification dans l'acte de parole. En ce sens, l'originalité d'Adorno et de Lacan consiste plutôt à comprendre que la reconnaissance d'une négation ontologique ne peut se donner qu'à l'écart des processus de symbolisation, de remémoration et de conceptualisation. D'où le projet lacanien de penser la clinique à partir de processus non-conceptuels de formalisation comme le mathème et le lettre. D'où le projet adornien de voir la formalisation esthétique comme porteuse d'un contenu de vérité. Cette démarche montre les limites des opérateurs de symbolisation analytique comme le Phallus et le Nom-du-Père, fournit une pensée de l'éthique au-delà de la détermination transcendantale de la volonté et ouvre un champ nouveau pour l'articulation entre esthétique et psychanalyse.