Théâtralité de l'inconnu : une étude poétique du théâtre de S. Beckett
Auteur / Autrice : | Young-Joo Choi |
Direction : | Gérard Dessons |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Cette thèse se propose de lire le théâtre de Beckett à partir de son ''faire''. Alors que la tradition philosophique et littéraire, fonctionnant sur la logique du manque et du plein, donne la priorité au Verbe sur tous les autres éléments énonciatifs, la théâtralité beckettienne fait de la manière une force qui subvertit le schéma de l'absence-présence, transforme ce qui aurait dû être un manque en énergie du sens. La question que présente le théâtre de Beckett ne se situe donc pas dans le rapport externe de la représentation, mais dans son rapport interne d'oralité et de subjectivation. Tout au long de ses pièces, l'écho prosodique, en tant que véritable réseau de la signifiance réalise la dimension inconnue - la grammaire personnelle du théâtre beckettien. Il s'active comme une attaque physique-sémantique qui réveille les lecteurs accoutumés à la linéarité et à la transparence du sens. La ponctuation, le tiret, le silence, la suspension, tous ces oubliés du langage s'inscrivent également dans l'état vécu du sens, installent une temporalité affranchie de la segmentation du signe. La force du théâtre de Beckett réside dans ce discours déictique qui met en scène la complexité et l'historicité de la situation énonciative. Sans écoute sensible, le sens se fait désert, insignifiant. C'est pourquoi notre étude souligne l'importance de l'oreille. L'oreille poétique est requise pour garder vivante la spécificité du théâtre beckettien comme altérité, qu'une logique de la pure intentionnalité risque de méconnaître.