Le Mexique et l'Espagne, 1936-1952 : la guerre civile, l'exil, la République et Franco
Auteur / Autrice : | Eric Lobjeois |
Direction : | Jean Piel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Dynamiques comparées des sociétés en développement |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Résumé
Ce travail analyse la naissance et le développement d'un sentiment de solidarité politique entre le Mexique révolutionnaire et l'Espagne de la deuxième République, depuis 1936 jusqu'à 1952. La convergence d'intérêts de leurs systèmes politiques respectifs conduisit le Mexique du président Lázaro Cárdenas, au moment de la rébellion militaire de Francisco Franco contre la République espagnole, à prendre la défense du régime républicain espagnol menacé par des forces réactionnaires et fascistes. L'aide du Mexique au gouvernement légitime de l'Espagne a donc été diplomatique, mais aussi humaine et militaire. Certes généreuse, elle a néanmoins été insuffisante pour interdire la victoire des factieux qui recevaient des renforts surnuméraires de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie, À partir du premier avril 1939, la victoire de Franco en Espagne a donc été totale et a contraint 500,000 personnes à traverser les Pyrénées pour trouver refuge en France, fuyant la répression. Environ 20 à 30,000 républicains espagnols furent alors évacués vers le Mexique sur les ordres du président Cárdenas et grâce aux fonds des organisations espagnoles d'aide aux exilés, le SERE et la JARE. Ils y ont rejoint une poignée d'enfants et d'intellectuels qui avaient déjà été accueillis par le Mexique durant les années de la guerre civile. Cette émigration politique est la plus importante de l'histoire de l'Espagne contemporaine, et son caractère exceptionnellement qualifié a modifié à jamais le profil socioculturel du Mexique contemporain. Après la guerre civile espagnole, le compromis politique instauré par Cárdenas a été repris par les sept présidents qui lui ont succédé à la tête du Mexique jusqu'en 1976. Le Mexique est resté l'un des plus fermes opposants a l'Espagne de Franco et a permis, en 1945, la reconstitution sur son territoire d'un gouvernement républicain espagnol en exil qui avait pour objectif de renverser Franco avec l'aide de l'ONU. Jusqu'en 1952, la politique extérieur du premier franquisme a tenté par tous les moyens d'infléchir l'attitude des dirigeants mexicains dans le sens d'une reconnaissance du nouveau gouvernement de Madrid. Néanmoins, le Mexique n'a jamais souscrit à la reconnaissance de Franco, cependant que, de son côté, le gouvernement de la République espagnole n'a jamais pu obtenir le renversement de Franco à cause, principalement, des évolutions complexes du contexte politique de l'après deuxième guerre mondiale. Toutefois, jusqu'en 1952, date de l'entrée de l'Espagne franquiste a l'UNESCO, le Mexique est resté la frontière commune de ces deux Espagne que tout séparait.