Ethiques du mourir et rationalité philosophique
Auteur / Autrice : | Paula La Marne |
Direction : | Claude Debru |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres, sciences humaines et sociales |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La mort s'est médicalisée et le fait de mourir a pris un aspect nouveau. Discrète, mise à l'écart, la mort est déroutante pour toute la société et les médecins ne sont pas forcément armés pour affronter les paradoxes liés au progrès médical. Lente et morcelée, la mort peut paraître une énigme notamment en réanimation ; entretenue comme un processus ralenti, elle soulève dans plusieurs spécialités la question de la limite des soins voire de l'arrêt de vie. Mais la société relaie ces préoccupations et s'interroge sur les conditions légitimes du mourir. Deux positions éthiques fortes se dessinent alors pour définir les critères d'une bonne conduite à l'égard du mourant : celle de la mort volontaire, favorable à l'euthanasie et au suicide assisté ; celle des soins palliatifs, favorable à une conciliation entre le sacré de la vie et la qualité de la vie. Dans le premier cas, la qualité de la vie fonde le sens de l'existence au point que sans cette qualité la dignité serait perdue et qu'au nom de cette qualité on peut prétendre en toute autonomie à la demande de mort. Dans le second cas, on met l'accent sur la poursuite de soins de confort tout en laissant le sujet s'éteindre de lui-même, au nom du caractère infiniment précieux de la vie mais aussi au nom de l'interdit de donner la mort. En faisant discuter ces deux positions, on fait émerger des solutions du conflit éthique à l'aide de concepts et de pratiques telles que la limitation de soins, la prise en charge d'une personne globale par son accompagnement, la sédation ou la doctrine du double effet, toutes ces solutions faisant largement pencher la balance du côté des soins palliatifs. Cette possibilité d'une résolution de certains problèmes éthiques liés au mourir ouvre la voie à une interrogation sur les pouvoirs de la raison philosophique en la matière. La raison possède, malgré la force de certains arguments sceptiques, la capacité de dépasser des conflits éthiques ou d'articuler des principes en apparence inconciliables grâce à la nature communicationnelle de la raison. Son pouvoir connaît cependant deux bornes : celui d'exiger le respect du bien ; celui de gommer notre effroi à l'idée de mourir.