Thèse soutenue

Mémoires pétrolières au Gabon

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Auteur / Autrice : Sandrine Nan-Nguema
Direction : Jean Arlaud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Résumé

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Les mémoires pétrolières s'initient au Gabon au début du 20ème siècle. Elles s'enracinent dans des mémoires plus anciennes dont elles se nourrissent. Ainsi, les savoirs spatial et généalogique des peuples nomades du futur Gabon constituent l'essentiel de la mémoire collective en période pré-coloniale. Cette mémoire est transmise par l'oralité dans un contexte influencé par la traite négrière ; celle-ci est à l'origine d'une hiérarchisation sociale à l'intérieur des peuples, et entre les peuples établis le long du fleuve Ogoouée. Elle est le premier cycle ''économique'' liant l'Europe au futur Gabon. Avec la colonisation, de nouveaux contenus mémoriels basés sur des cycles économiques spécialisés remodèlent les sociétés gabonaises. Ces cycles sont essentiellement concentrés sur de petits espaces, dans un petit pays faiblement peuplé. L'exploitation de l'Okoumé est le dernier de ces cycles ; elle débute au 19ème siècle, trente ans avant que la prospection pétrolière ne succède aux cycles économiques coloniaux et pré-coloniaux, héritant de leurs mémoires respectives et les réaménageant. La première découverte pétrolière au Gabon, sur l'île Mandji en 1956, précède de peu l'indépendance, en 1960. A son tour, le cycle pétrolier s'accapare les énergies vives du pays ; il ''pétrolise'' et urbanise le territoire côtier. Il renforce les hiérarchies sociales pré-existantes tout en leur superposant de nouvelles : des catégories natio-professionnelles distinguant des ''Expatriés'' et des ''Africains'' ainsi que des ''Cadres et des ''Non-Cadres''. Une idéologie pétrolière se construit. Ecrite, elle sert l'Etat gabonais autant que la compagnie pétrolière. Une oralité de la mémoire blessée, populaire, lui répond à travers des légendes pétrolières circulant sur les sites explorés et exploités. Ces mémoires s'interpénètrent, et s'enrichissent d'apports politiques et religieux au travers de stratégies collectives ou individuelles de défense identitaire.