Mythologie de la voix noire : Ethel Waters et la renaissance de Harlem
Auteur / Autrice : | Randall Cherry |
Direction : | Geneviève Fabre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres, sciences humaines et sociales |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail étudie la façon dont la chanteuse noire américaine, Ethel Waters (18961977), s'est forgée une carrière remarquable avec, comme toile de fond, le développement de la mouvance de négritude basée à Harlem et connue sous le nom de la ''Renaissance de Harlem''. Cette période, qui se situe entre 1920 et 1935, voit un engouement pour le blues qui anime la carrière d'Ethel Waters, en tant que vedette de disques chez Black Swan. Alors que la chanteuse trouve un public laudatif auprès de la masse ouvrière noire, les intellectuels et ténors de la mouvance de négritude, en revanche, dénient totalement l'importance de sa création musicale. Ce travail cherche à faire valoir sa musique face à ce manque de compréhension. Cette étude s'appuie sur des entretiens personnels avec des chanteurs et musicologues, l'autobiographie de l'artiste, mémoires de musiciens contemporains, et articles recueillis des journaux noirs de l'époque. Ce matériau permet de dégager la véritable dimension de sa légende en tant que Reine du Blues, face donc à une élite noire qui restait muette à son sujet. Après avoir tracé l'essor de la carrière d'Ethel Waters, il s'agit de décrire son apogée, atteinte dans les années trente -- au moment même où la Renaissance de Harlem se trouve en déclin -- lorsque la chanteuse se transforme en comédienne à Broadway. Constatant qu'Ethel Waters est de nos jours tombée dans l'oubli, il s'agit enfin de proposer des hypothèses pour expliquer son éclipse, à savoir: une critique qui, se basant sur des définitions génériques instables, n'arrive pas à cantonner l'artiste; et la persistance d'une certaine rancune chez la critique noire américaine, qui insiste sur le fait qu'Ethel Waters aurait ''trahi'' ses racines dans la communauté noire, en adoptant une personnalité et une musique ''blanches'', afin d'élargir son public. Ces résultats font apparaître que la dépréciation de la réputation d'E. Waters est due autant à l'ignorance de sa production, qui est restée longtemps inédite, qu'à la propagation de certains mythes à son égard.