Frontières de l'identitaire et frontières du genre dans le roman francophone marocain et le roman québécois : Etude comparative entre ''L'Enfant de sable'' et ''La Nuit sacrée'' de Tahar Ben Jelloun et ''Prochain épisode'' et ''Trou de mémoire'' d'Hubert Aquin
Auteur / Autrice : | Abdelmjid Mouflih |
Direction : | Claude Filteau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Limoges |
Mots clés
Résumé
Cette étude tente de rapprocher deux champs littéraires de sphères civilisationnelles différentes pour montrer que la littérature marocaine d'expression française depuis les années soixante et la littérature québécoise sont l'une comme l'autre au service d'un discours subversif aussi bien au niveau du contenu qu'au niveau de la forme. Ces deux littératures nées dans la contrainte, tentent chacune à sa manière de rompre avec tout anachronisme et d'apporter des contenus et des formes d'expression neuves. Tahar Ben Jelloun comme Hubert Aquin envisagent ainsi une lecture critique des textes existants et une création de nouvelles formes d'où l'inscription de la révolte dans le signifiant textuel. Le présent travail tente ainsi de mettre l'accent sur la conception du genre romanesque telle qu'elle est y suggérée par les deux auteurs. Ce qui nous retient donc, en fonction du rapprochement thématique entre les deux romanciers, c'est l'ensemble des techniques scripturales qu'ils investissent dans leurs oeuvres. L'éclatement du genre romanesque aussi bien chez Tahar Ben Jelloun que chez Aquin, vu l'absence des frontières étanches entre les genres littéraires (conte, polar, etc. . . ), correspond à l'éclatement identitaire des personnages. De même, la parole révolutionnaire reste inséparable de la violence textuelle et toute distinction classique entre les genres disparaît. Grosso modo, notre corpus montre l'exemple d'une écriture qui, dans ses formes mêmes, prend en charge la violence à transmettre, à susciter, à partager. Une écriture qui, dans ses dispositifs textuels, se charge de la seule fonction subversive à laquelle elle puisse prétendre. Les deux auteurs ne cherchent-ils pas au bout du compte, comme l'affirme Abdelkébir Khatibi, à répondre à la violence historique par une autre violence ? L'absence de stabilité générique qui caractérise la forme romanesque se démontre fort bien dans ns oeuvres de base et confirme une fois de plus que le roman est particulièrement réfractaire aux classifications rigides. Genre profondément original dans sa ''modernité'', capable d'un inépuisable renouvellement, le roman s'inscrit au temps présent comme une forme ouverte, en cours de constitution, et comme premier témoin du devenir littéraire de l'époque nouvelle.