Thèse soutenue

Expériences carcérales en maison d'arrêt : approche socio-historique et biographique d'une institution totale

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Auteur / Autrice : Gilles Chantraine
Direction : Gabriel Gosselin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Lille 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Notre optique émerge de l'histoire de l'enfermement carcéral, de la sociologie de la prison, de la sociologie interactionniste de la déviance et de l'approche biographique en sociologie. L'objet consiste à analyser et comprendre les expériences carcérales de celles et de ceux qui traversent les maisons d'arrêt en tant que détenu(e)s. Le travail de terrain est constitué d'une série d'entretiens biographiques non-directifs, réalisés en maison d'arrêt ou avec d'ancien(ne)s détenu(e)s, et d'entretiens semi-directifs effectués avec des membres de l'administration pénitentiaire et autres intervenants du cœur de la détention. Après avoir décrit, depuis la naissance de la prison pour peine à la fin du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, le travail historique de pérennisation des fonctions sociales de l'enfermement carcéral, ainsi que les ressorts de la construction sociale contemporaine de la population carcérale, le dispositif empirique a permis de développer deux volets distincts mais complémentaires. D'abord, une double typologie des rapports à l'enfermement et des trajectoires carcérales de détenu(e)s a permis de comprendre l'inscription d'une détention ou d'une série de détentions dans une biographie. Ensuite, les analyses des modes de gestion du temps carcéral, de la production négociée de l'ordre en détention, enfin de l'impact des différents soutiens extérieurs, matériels et symboliques, sur les conditions de vie intra muros, ont permis d'affiner l'appréhension sociologique de la tension carcérale qui caractérise l'institution aujourd'hui, entre ouverture relative et persistance de son cadre sécuritaire. La volonté de décrire le formidable système de contraintes que constitue l'enfermement carcéral et celle de ne pas réduire pour autant l'acteur reclus au statut d'être réactif à ces contraintes, ont permis d'affiner, puis de décaler, la définition goffmanienne de l'institution totale, point de mire théorique de la recherche.