Identités réfléchies : photographies contemporaines et perception-intellection des présences et du fait identitaire indiens à La Réunion
Auteur / Autrice : | Christian Adam de Villiers |
Direction : | Bernard Cherubini |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | La Réunion |
Résumé
Les Malbars sont les descendants des Indiens engagés, arrivés à La Réunion durant la seconde moitié du 19e siècle pour satisfaire les besoins de main d'œuvre de la filière sucrière et pour prendre le relais des populations esclaves affranchies en 1848. L'implantation des migrants indiens fut difficile : la concurrence exercée sur le marché de l'emploi et, surtout, la différence considérable introduite dans l'horizon social et culturel réunionnais ont nourri une méfiance à leur encontre, voire une peur, dans de larges pans de la société. Comment aujourd'hui l'héritage indien, porté génétiquement et souvent géré culturellement, est-il considéré dans la société réunionnaise ? La différence indienne locale est-elle mieux acceptée depuis qu'elle se donne plus aisément à voir, directement, mais aussi par le biais de l'abondante production d'images ? La recherche développée ici, appliquée à la question de la perception de l'Autre, les Malbars-Tamouls, au sein d'une société plurielle et créole, la Réunion, repose sur l'emploi des documents photographiques. Ceux-ci sont d'abord évalués, à l'intérieur d'une production journalistique récente, en tant que reflets de représentations dominantes concernant l'indianité, en circulation dans la sphère publique locale. Par ailleurs, ils sont utilisés comme images concrètes susceptibles de se confronter aux images mentales habitant un public d'enquêtés, et cela en vue de collecter une autre gamme d'interprétations au sujet de l'indianité malbare-tamoule contemporaine. Aujourd'hui, si certain Malbars ont écarté toute référence à l'hindouisme, nombreux sont ceux qui ont sauvegardé une part du legs culturel des générations précédentes, et en partagent une fraction avec d'autres Réunionnais à la faveur du métissage. D'autres encore ont entamé depuis quelques décennies une démarche d'affirmation identitaire (le courant tamoul), en s'appuyant pour cela sur une réforme de l'hindouisme local et du répertoire culturel. Indianité et images publiques de l'indianité constituent les deux niveaux d'étude de cette thèse, qui s'attache à localiser les facteurs d'une identité particulière et à cerner le rôle de l'image dans la dynamique des constructions identitaires à La Réunion. Par ailleurs, le document photographique est évalué en tant qu'outil méthodologique avantageux pour les recherches en sciences sociales.