Le mythe aryen en Russie au XIXe siècle : la création d'une cosmogonie nationale, entre science et idéologie
Auteur / Autrice : | Marlène Laruelle |
Direction : | Catherine Poujol |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres, sciences humaines et sociales |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, INALCO |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Notre analyse se trouve à la jonction de deux disciplines, l'histoire des idées et l'étude d'une aire culturelle spécifique, la Russie. Nous cherchons ici à illustrer combien les sciences humaines du XIXe siècle furent les vecteurs des idéologies de leur temps, mais également à affirmer l'importance du thème aryen comme matrice du discours identitaire russe. Le mythe aryen russe au XIXe siècle fut une recherche romantique des origines, l'espace discursif de rencontre entre le sentiment national et des sciences humaines comme l'archéologie, la philologie et l'histoire. L'argument aryaniste est en effet le seul à offrir à la Russie à la fois une généalogie de la nation sur son territoire et une légitimation de son expansion impériale. Le mythe aryen permet également une entrée dans plusieurs problématiques complexes : l'histoire de la pensée russe dite ''de droite'', en particulier du conservatisme ; la difficile réception de l'idée de race en Russie ; les spécificités du colonialisme et de l'orientalisme russes. Trois grand axes de réflexion sont abordés : 1. Le mythe aryen est tout d'abord un ensemble de postulats théoriques sur la nation et sur ses éléments dits constitutifs (langue, religion, race, territoire, dans des combinaisons et des exclusions spécifiques). 2. Il propose ensuite à cette même nation une nouvelle cosmogonie autour de la question des origines : raisonnements généalogiques, filiations historiques, espaces imaginaires proches ou lointains auxquels se rattacher. 3. Il est enfin un mode de discours sur l'expérience coloniale, une légitimation intellectuelle de l'avancée de l'Empire russe au nom du retour dans la patrie aryenne.