Thèse soutenue

Lieu saint et société : anthropologie religieuse de Kumano entre le VIIIe et le XIe siècle

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Auteur / Autrice : Arnaud Brotons
Direction : François Macé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études japonaises
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris, INALCO

Résumé

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Kumano, situé dans le sud de la péninsule de Kii, est un lieu sacré du Japon qui apparaît au VIIIe siècle dans les recueils de mythes du Kojiki et Hihnon-shoki. Lors du passage du premier empereur mythique, Jinmu, cette région est décrite comme un lieu sauvage, peuplée de divinités mauvaises, d'où l'on peut rejoindre l'autre monde. En outre, Izanami y aurait été enterrée. A partir de l'époque de Nara, Kumano est connu comme un centre de pratiques ascétiques où se rendent de nombreux moines et religieux proches du shugen. Parallèlement au rapprochement des trois sanctuaires, Hongû, Shingû et Nachi, les divinités célébrées se lient aux bouddhas et un important panthéon de nature syncrétique, résumé par le dieu Kumano-sansho-gongen (ou Kumano-jûnisho-gongen^) voit le jour. A compter de 1090 - jusqu'aux troubles de Jôkyû en 1221 qui marquent la fin du système politique des Empereurs Retirés (insei-ki) - ces trois sanctuaires deviennent le principal lieu de pèlerinages lointains de la cour et surtout des empereurs après avoir abdiqué. Pour comprendre, à travers le temps, la place de Kumano dans la société japonaise, et ses liens avec la maison impériale, une double problématique sert de fil conducteur : 1)l'analyse de la fonction symbolique de cette région dans les mythes confrontée aux données de l'histoire jusqu'au VIIIe siècle, 2) la présentation de l'histoire de Kumano à partir du IXe siècle, notamment la naissance des trois sanctuaires, la formation des différentes routes de pèlerinage qui y mènent, la description des formes pèlerines pratiquées par les moines. Sur la base de des conclusions, le regard se porte sur les représentations du geste pèlerin de ces moines, à travers le témoignage de Zôki dans l'Iwonushi, suivi d'une analyse du Kumano-gongen-gosuijaku-engi (Xe siècle env. ) et du Shozan-engi (début Kamakura) dans lesquels la logique religieuse de ces pratiques et leur place dans la société ancienne ressortent clairement.