Thèse soutenue

Mémoires, mentalités religieuses, art funéraire

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Auteur / Autrice : Philippe Pierret
Direction : Gérard Nahon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences religieuses
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences religieuses (Paris)

Résumé

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L’épitaphier juif de Dieweg, telle une bibliothèque de Pierre dont les ouvrages furent écrits par une communauté d’hommes et de femmes issus de quinze pays différents, constituera le matériau de base de cette thèse. Les épitaphes, examinées comme des documents originaux desquels nous avons pris soin d’extraire les empreintes historiques, sociologiques, épigraphiques et artistiques, projetteront un éclairage neuf sur la pensée juive contemporaine. Plus que centenaire, l’épitaphier ucclois constitue un témoignage jusqu’ici négligé de l’histoire du judaïsme belge. Considérant l’épitaphier dans son ensemble, on s’aperçoit qu’il navigue sans cesse entre tradition et modernité, dans sa littérature comme dans son support lithique. De même que nous ne pouvions au terme du sondage systémique des sépultures du XIXe siècle confirmer un déclin massif de la pratique religieuse et de l’usage de l’hébreu, son corollaire – l’épitaphier du Dieweg au XXe siècle conserve ses qualités de corpus littéraire et transitoire – nous devons aujourd’hui ajouter celles de fluctuant et de contingent. A l’aube du XXe siècle, on se trouve en présence d’un nouveau corpus d’inscriptions funéraires ouvrant une autre période charnière du judaïsme belge, de la Première Guerre mondiale à nos jours. Avec l’hébreu, revenu « en force » durant l’entre-deux-guerres, les populations plus traditionnelles de l’Europe de l’Est, principalement de Pologne et de Russie, réintroduisent des usages presque disparus comme l’usage de la simple stèle avec sont texte unilingue en hébreu. L’adoption dans les années 1890 d’un nouveau type d’inhumation collectif, le caveau commun, devaient poursuivre le processus de transformation des us et coutumes en matières d’inhumation. Le catalogue des épitaphes représente une mémoire collective que le sondage d’abord, l’inventaire ensuite, n’ont pas épuisée. La base de données a montré ses carences en données biographiques, faisant ressortir avant tout la catégorie des notabilités bruxelloises, minorant la majorité des personnes, de condition plus modeste. Enfin, la désaffectation du Dieweg survenue en 1946 ne nous a pas permis de percevoir distinctement l’apport des trois « nouveaux » courants, principalement véhiculés par les populations venues d’Europe centrale, à savoir l’orthodoxie, le communisme et le sionisme.