Hellenica hamartèmata : ''Les bêtises des Grecs'' ? : Conflits et rivalités entre cités dans la province d'Asie et en Bithynie à l'époque romaine (129 a. C.-235 p. C.)
Auteur / Autrice : | Anna Heller |
Direction : | Jean-Louis Ferrary |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire grecque |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques (Paris) |
Mots clés
Résumé
Résumé français : D'après Dion de Pruse, les titulatures honorifiques que les cités d'Asie Mineure se disputaient avec acharnement sous le Haut-Empire étaient un sujet de risée à Rome, où on les désignait sous le nom de '' bêtises grecques ''. L'historiographie traditionnelle a repris à son compte cette interprétation des rivalités de l'époque impériale, considérées comme de vaines querelles symptomatiques de la décadence de la cité-État. Pour tenter de dépasser ce lieu commun, il fallait enquêter, en croisant les sources littéraires, épigraphiques et numismatiques, sur les enjeux matériels et symboliques de la compétition. Parmi les privilèges les plus ardemment recherchés figurent les statuts liés à l'organisation provinciale (capitale de conventus, centre du culte impérial commun) ; mais les titres qui ne comportent aucun avantage concret immédiat ont également une grande importance aux yeux des provinciaux. En étudiant à la fois le contenu de certains titres et l'usage qui en est fait, on est amené à réfléchir sur révolution qui a conduit à remplacer, au moins en partie, les conflits territoriaux classiques par cette nouvelle forme d'agôn entre cités, qui établit Rome comme arbitre. Il était nécessaire de remonter jusqu'à la création de la province d'Asie pour mesurer les effets de l'intégration à l'empire sur les relations entre cités, en termes de ruptures et de continuités. Il apparaît alors que si la gestion,du pouvoir par Rome a modifié le cadre et la forme des conflits interpoliades, ceux-ci sont néanmoins régis par les mêmes principes essentiels que par le passé : ils mettent en jeu d'importantes sources de revenus, ils expriment une volonté de domination de la part des grandes cités envers les petites, ils impliquent de véritables choix de politique extérieure. Avec des armes nouvelles - la diplomatie sans la guerre, la rhétorique -, les Grecs continuent de s'affronter en vertu des valeurs qui leur sont propres et qu'ils ont réussi à faire reconnaître par Rome.