Protéger, confisquer, déplacer : le service allemand de préservation des oeuvres d'art (Kunstschutz) en Belgique et en France occupées pendant la Première Guerre mondiale, 1914-1924
Auteur / Autrice : | Christina Kott |
Direction : | Michael Werner, Étienne François |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS en cotutelle avec Freie Universität (Berlin) |
Résumé
Quelle fut l’attitude des autorités et des historiens d’art allemands vis-à-vis du patrimoine artistique mobilier pendant l’occupation de la Belgique et du nord de la France en 1914-18 ? Kunstschutz, « protection » des œuvres d’art, comme l’ont toujours prétendu les Allemands, ou instrument de spoliation selon les versions françaises et belges ? Quelles en furent les répercussions dans l’après-guerre ? A partir de sources pour la plupart inédites, l’étude tente de répondre à ces questions en déconstruisant les mémoires nationales selon une perspective comparative et une structure à la fois chronologique et thématique. Secouées par les protestations internationales contre les « atrocités culturelles », les autorités allemandes mirent sur pied le Kunstschutz. En Belgique, ce service fut intégré dans leur politique culturelle et instrumentalisé dans le cadre de la Flamenpolitik. Considérant la Belgique comme futur pays vassal, les historiens d’art se consacrèrent à l’inventorisation de ses œuvres d’art. En France, en revanche, la mise en place du Kunstschutz fut liée à un projet de confiscation stratégique, en vue des négociations de paix. Lors du retrait allemand sur la ligne Hindenburg, nombre de collections furent éloignées du front. Deux expositions, conçues selon une muséographie originale, prétendaient démontrer la bienveillance de l’occupant. La période de l’après-guerre, elle, sera marquée par la restitution des œuvres déplacées et les revendications franco-belges de compenser les pertes artistiques par la confiscation d’œuvres des collections allemandes. Si les illusions françaises furent déçues, la Belgique obtint le retour des volets du retable de l’Agneau mystique. Mais les relations artistiques entre l’Allemagne et ses deux voisins resteront perturbées. Prise de conscience patrimoniale, « nationalisation » du patrimoine artistique, perte de prestige de l’histoire de l’art allemande, réajustements muséographiques en seront les conséquences directes.