La mort au loin : les pratiques funéraires des migrants africains en France
Auteur / Autrice : | Agathe Petit |
Direction : | André Mary |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
La thèse porte sur la mort immigrée à travers l'approche comparative des pratiques funéraires des deux groupes de migrants sénégambiens installés à Marseille : les Soninké et les Manjak. Ces deux groupes originaires d'une même zone géographique présentent des différences significatives tant du point de vue de leur situation et de leur projet migratoire que de leur système de croyances. La question de la mort au loin est abordée d'un double point de vue: celui du choix du lieu de sépulture (rapatriement post-mortem dans le pays d'origine ou inhumation sur le lieu de décès) et celui des pratiques funéraires (que font concrètement les Sénégambiens lorsque survient un décès en France?). Le premier volet s'intéresse aux modalités d'inhumation en situation d'immigration. La confrontation de données qualitatives et quantitatives montre combien le choix du lieu de sépulture résulte d'un grand nombre de facteurs rendant délicate toute tentative de généralisation. Les choix font intervenir les liens avec le pays et le village d'origine, la situation individuelle et familiale du migrant, son appartenance religieuse et celle du groupe auquel il appartient, l'imaginaire et les représentations collectives qui touchent à la mort, les origines, l'affiliation, mais aussi des facteurs très matériels comme les formes de prévoyance et de prise en charge des défunts dans chacun des deux groupes. Le second volet explore les modalités concrètes de ces pratiques, le déroulement séquentiel des funérailles mais aussi la dimension économique et solidaire, deux aspects étroitement liés. Les funérailles soninké et manjak doivent s'adapter à un nouveau contexte de réalisation. Elles sont l'une et l'autre en partie recomposées, réaménagées, mais les pratiques d'origine ne sont jamais tout à fait abandonnées. Dans tous les cas, le village et la famille d'origine restent au centre des rapports avec l'au-delà et les dispositifs funéraires marquent une incontestable allégeance à leur natale.