Thèse soutenue

Routes migratoires et itinéraires religieux : des pratiques religieuses des migrants sénégalais mourides entre Marseille et Touba

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Auteur / Autrice : Sophie Bava
Direction : André Mary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie et anthropologie sociale
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Mots clés

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Résumé

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Le mouridisme a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba au Sénégal à la fin XIXème siècle. Ce mouvement religieux contemporain basé sur la mystique musulmane, né dans une société en crise aux prises avec l'administration coloniale française, a suscité tout au long du siècle l'intérêt des chercheurs. D'abord ruraux, développant une puissance économique autour de l'arachide, les taalibés-s(disciples) mourides ont migré vers les villes sénégalaises, africaines puis occidentales, dès les années 60. Ces migrations ont occasionné une accélération de la circulation du message religieux et le mouridisme s'est exporté dans toutes les parties du monde où les migrants exercent leurs activités économiques, s'approprient les espaces et innovent dans la constitution d'un ''savoir-faire religieux décentralisé''. Cette thèse propose de saisir la logique des transformations à l'oeuvre dans l'univers religieux mouride contemporain entre la ville sainte de Touba et une des villes de la migration, Marseille. Ce sont les modalités d'investissement entre des logiques de migration économiques et des logiques d'investissement religieux que je privilégie dans ce travail de recherche. La migration fait naître de nouveaux objets, une nouvelle société, et le religieux est un outil pertinent de compréhension de ces processus migratoires. Cet Islam dans la migration articule du local et du transnational, de l'ancrage et de la mobiblité, et ces acteurs religieux ont cette capacité de pouvoir tout construire entre deux mondes. Cet ''entre-deux'' n'est ni vide ni virtuel, et l'étude de ce mouvement religieux dans la migration a permis de le montrer et de le mesurer à travers les constructions opérées. Comment à partir d'une mémoire ''d'exilé'' se construit de nouvelles expressions religieuses ne négligeant ni la matrice de Touba, ni la société locale marseillaise, ni l'espace public français, et surtout entrelaçant les mémoires de ces divers territoires.