La révolution chinoise et les sociétés secrètes : l'exemple des Shaan-Gan-Ning et du nord Jiangsu (années 1930-1940)
Auteur / Autrice : | Sang-Soo Park |
Direction : | Yves Chevrier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et civilisation |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
Au-delà de l'historiographie habituelle qui pose en termes de continuité ou de discontinuité le problème des rapports entre les communistes (la révolution moderne) et les sociétés secrètes (les rébellions traditionnelles), cette étude contextualise la question des ces rapports dans une perspective micro-historique comparée qui porte sur deux régions différentes sur le plan de la structure rurale, des modalités d'existence des sociétés secrètes et du mode d'action des activistes communistes dans les années 1930-1940. Aux confins des Shaan-Gan-Ning, les Gelaohui (Sociétés des frères et des aînés) jouent un rôle important dès la première phase de l'implantation communiste dans la région avant la Longue marche. Par la suite, ils sont politisés par le centre du parti et intégrés au sein du système communiste territorialisé. Malgré de multiples frictions, le pouvoir communiste encadre leurs activités plutôt qu'il ne les interdit au moyen de mesures coercitives. En revanche, les Xiaodaohui (Sociétés des Petits Couteaux) du nord Jiangsu se dérobent aux tentatives de mobilisation déployées à leur égard dès la rupture du premier front uni. Forces d'autodéfense des intérêts locaux, les Petits Couteaux se montrent ensuite hostiles au pouvoir communiste, instauré peu à peu dans la région après l'éclatement de la guerre sino-japonaise. De leur côté, les communistes n'essayent guère de les politiser et s'appuient sur leurs forces armées. Ils finissent par les interdire et répriment leurs activités à mesure que leur pouvoir se consolide localement. Cette thèse illustre ainsi la diversité et les variations des relations entre le monde des sociétés secrètes et celui des communistes, ainsi que celles des politiques communistes, qui n'ont cessé d'évoluer et de s'adapter tout au long du processus révolutionnaire, dans une logique d'inclusion et d'exclusion des forces sociales au cours de la construction étatique par le PCC.