Who's who ? : soi, sens de l'agentivité et sens de la propriété
Auteur / Autrice : | Frédérique de Vignemont |
Direction : | Pierre Jacob |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie et sciences cognitives |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
Je mets à l'épreuve des données empiriques issues des neurosciences, de la neuropsychologie et de la psychopathologie la théorie philosophique de la connaissance de soi de Shoemaker selon laquelle nous ne pouvons nous tromper dans l'auto-attribution de nos états mentaux et corporels. Supposons que je sois amnésique. Je pourrais affirmer à tort que je suis Platon. Mais quand je dis que je pense, même si je n'ai aucune information me concernant, il semble absurde de me demander si je suis sûre d'être la personne qui pense (Wittgenstein, 1958 ; Shoemaker, 1996). Comme je suis la seule à avoir une connaissance introspective de mes états mentaux, nous pouvons nous demander pourquoi je devrais rendre explicite le fait qu'ils m'appartiennent en dehors de tout contexte de communication. Cependant, mon accès privilégié ne me garantit pas que je reconnais ces états comme miens. En effet, les expériences xénopathiques dans la schizophrénie et dans le syndrome de la main étrangère montrent que nous pouvons ne pas nous attribuer nos propres états mentaux et corporels. Cela n'est pas surprenant étant donnée la proximité entre soi et autrui. Les phénomènes d'imitation et d'empathie montrent que nous utilisons des représentations qui sont en partie neutres pas rapport au sujet. Par conséquent, je suggère que loin d'être superflu, le concept de la première personne est le produit d'un processus d'auto-attribution dont il faut analyser les soubassements cognitifs. La notion de contrôle joue ainsi un rôle central non seulement pour le sens de l'agentivité qui me permet de me reconnaître à l'origine de mes actions, mais aussi pour le sens de la propriété qui me permet de reconnaître le corps propre. Contribue-t-elle aussi ? En conclusion, je me demande si elle contribue aussi au sens du copyright des pensées qui devraient se comprendre comme des actions mentales.