Variations fantastiques : l'exemple de Leo Perutz
Auteur / Autrice : | Évelyne Jacquelin |
Direction : | Jean-Jacques Pollet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature. Études germaniques |
Date : | Soutenance en 2002 |
Etablissement(s) : | Artois |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'autrichien Leo Perutz (1882-1957) a souvent été lu dans la perspective du fantastique, ce qui a suscité des réserves. Cette étude reprend la question théorique et analyse l'œuvre à partir d'une définition rénovée du genre. Le corpus n'étant pas encore pleinement reconnu, problème par ailleurs fréquent dans le fantastique allemand, un 1er chapitre étudie la réception de l'écrivain et propose une évaluation raisonnée de son œuvre. Le chapitre 2 examine les problèmes liés à la notion de fantastique en soulignant les différences d'approche entre les traditions critiques françaises et germaniques. Le genre est défini, dans une perspective pragmatique, comme une organisation contradictoire du matériel narratif entre écriture mimétique et emprunts au merveilleux, qui fait éclater la cohésion épistémologique et esthétique de la référence au réel, selon des enjeux propres à chaque auteur. Cette proposition est ensuite confrontée au corpus perutzien, selon un parcours linéaire. Les éléments concourant à l'effet de réel – art du détail, réalisme textuel et ancrage social – sont d'abord examinés au chapitre 3. La dimension spatio-temporelle et les difficultés d'interprétation liées à la mise en œuvre ambivalente des références historiques fournissent la matière du chapitre 4, le 5e portant sur la recomposition en partie imaginaire de l'histoire qui en fait paradoxalement apparaître certains enjeux fondamentaux : la question de la révolution et celle de l'empire allemand vu comme un espace chimérique. Le chapitre 6 aborde d'autre part les emprunts stylistiques et thématiques au domaine du merveilleux, entre ésotérisme dérisoire et surnaturel judéo-chrétien, et le chapitre 7 étudie les architectures paradoxales nées de cette double allégeance esthétique. Au cœur de constructions aporétiques mariant fatalité et conscience malheureuse se reflète un fantasme d'héroïsme qui, dangereusement manié par un nouveau Führer, deviendra aussi un leurre politique.