Thèse soutenue

''Le Fou d'Elsa'' de Louis Aragon : une sensibilité arabe recréée

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Auteur / Autrice : Marie Nassif-Debs
Direction : Suzanne Ravis-Françon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts et lettres
Date : Soutenance en 2002
Etablissement(s) : Aix-Marseille 1
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011)

Résumé

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±Qu'est-ce qu'un Français sait de l'histoire de l'Egypte, de la Tunisie, de l'Algérie, du Mali, du Soudan ou de l'Espagne musulmane tout simplement ?. Cette question qu'ARAGON (Louis) s'était posée en 1964, un an après la parution du Fou d'Elsa, nous a poussée à chercher, au-delà du titre emprunté à la légende du Majnûn de Layla, si le poète a vraiment tenté de ''connaître'' la culture arabe. La première découverte que nous avons faite est que pour bien saisir l'apport de la culture arabe, Aragon s'était constitué une bibliothèque vaste et diversifiée contenant des livres arabes traduits et d'autres (français ou espagnols) parlant des différents pays du ''Dâr al-Islâm''. Livres de poésie, de mysticisme, de philosophie, de religion, d'exégèse et d'histoire etc. Qui révèlent leurs trésors à travers Le Fou d'Elsa par une sensibilité arabe recréée, tant au niveau du fond, des thèmes, que de la forme. En effet, nous découvrons au fil des pages l'importance de l'influence arabe. Nous la trouvons, d'abord, dans l'expression d'une certaine conception amoureuse qui se rapproche de celle des poètes 'oudhriyyîn, tel Jamîl, et des grands maîtres du soüfisme, dont Ibn-Hazm et Al-Hallâj. Nous la trouvons, ensuite, dans les pages concernant l’Histoire arabe, dans la description de Grenade qui symbolise, aussi, toutes les villes arabes, anciennes et nouvelles, depuis Bagdad et jusqu'à El-Djazai͏̈r et nous découvrons que la Guerre d'Algérie, bien que presque absente, constitue, en fait, le déclencheur de l'écriture du poème. De plus, Aragon n'a pas oublié, dans sa recherche d'une solution aux problèmes de l'Existence et du Temps, de faire des allusions directes aux grands philosophes, tels Ibn-Rouchd et Al-M'arrî, ou aux grands courants de l'Islâm, dont Al-Mou'tazila, ou, encore, à la grammaire arabe, puisqu'il place son Fou d'Elsa sous le signe du ''futur'' qui n'existe pasMais ce qui constitue la nouveauté essentielle du poème, c'est la forme arabe recréée, c'est la langue où nous avons trouvé des ''dictionnaires arabes'', où la prose s'est libérée des ses contraintes pour devenir saj'; et où le chant domine ; un chant fait, surtout, de zajal, mais aussi, parfois, de zamra et conçu selon des mètres proches des vers ramal et kâmil.