La ''grammaire du sacré'' : Cinq grandes odes de Paul Claudel, Les noces de Pierre Jean Jouve, Poèmes d'Yves Bonnefoy, ou Qu'en est-il de la poésie quand les dieux se taisent ?
Auteur / Autrice : | Sylvie Marie Gazagne |
Direction : | François-Charles Gaudard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
A près un bref historique de la sémantique, l'étude applique les principes de la sémantique textuelle de François Rastier aux Noces de Jouve et relève les principales isotopies liées au sacré dans ce recueil. Les limites avérées de cette démarche révèlent la nécessité d'inclure la composante sémantique aux données actantielles, séquences narratives qui structurent, par étapes la dynamique générale de l'oevre et à une visée communicative qui actualise topoi͏̈ et renvois intertextuels ; ainsi l'approche sémantique débouche-t-elle sur des considérations stylistiques. Reprenant le concept de Dominique Maingueneau, l'étude identifie deux scénographies majeures du sacré : le modèle hymnique qui montre un poète inspiré célébrer la création, reflet de l'omnipotence divine, théatre de la Providence, et un modèle initiatique qui montre un poète myste déchiffrer les signes du divin et rebâtir un sens précaire. La compréhension de la dynamique interne de l'oeuvre, support de l'analyse sémantico-stylistique, conduit à une étude littéraire thématique. Chez les trois poètes, le sacré se révèle d'abord dans sa dimension orgiaque, fusionnelle, célébrative qui conduit à une tention tragique et séparatrice avec le caractère fini de la condition humaine et l'ensemble du monde profane. Claudel exorcise peu à peu cette tentation par un catholicisme compatible avec sa nostalgie latente d'une sacralisation pai͏̈enne du monde dont la religion conjure les périls. Bonnefoy, renonçant aux mirages d'un absolu coupable d'''excarnation'', choisit un équivalent lai͏̈c de l'agapé chrétienne qui reconduit, malgré tout, la dichotomie entre sacré et profane. Jouve tente une sublimation de l'énergie érotique orgiaque afin de déboucher sur une fragile sacralisation du ''quotidien'', brièvement perçu sous la modalité de l'éternel. Le sacré reste le ''tout autre'' mais le propre de la poésie n'est-il pas justement d'inscrire son référent, quel qu'il soit, dans la dimention du tout autre. . .