Les mythes dans l'oeuvre de Tennessee Williams
Auteur / Autrice : | Agnès Roche-Lajtha |
Direction : | Georges-Michel Sarotte |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études anglo-américaines |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
L'approche mythocritique de l'oeuvre de Williams met en évidence la prégnance de quatre grands mythes de référence, entre lesquels oscille l'imaginaire williamsien, dans un ordre qui reflète l'histoire de la psyché occidentale et la stratification de l'inconscient collectif dont ils sont issus. Le mythe de Dionysos, immortalisé par Les Bacchantes, est le premier substrat du corpus williamsien, la tragédie d'Euripide apparaissant comme le paradigme dramatique de plusieurs pièces majeures. Les comédies de Williams révèlent également une homologie avec l'autre versant du mythe, celui du dieu phallique et de la hiérogamie avec Ariane. Le déclin du mythe de Dionysos est lié à l'émergence rivale du mythe d'Orphée, qui hanta toute sa vie le poète dramaturge à l'inspiration élégiaque. La résurgence des mythèmes de la descente aux enfers, du regard en arrière et du sparagmos final témoignent d'une identification profonde à l'aède grec, dont le sacrifice est assimilé à l'oblation du Christ, par un rapprochement sacrilège caractéristique du gnosticisme williamsien. L'auteur partage aussi avec l'ancienne hérésie la relecture blasphématoire des mythes de la Genèse et de la Chute. La même pulsion mythoclastique est à l'origine de la profanation du mythe de la Vierge, de la Passion homosexuelle démonique des Antéchrist williamsiens, des parodies hagiographiques, comme de l'inversion de l'oeuvre iconotropique accomplie par l'Eglise, ennemie des mythes païens. L'archétype christique apparaît finalement, à la lumière de la psychologie jungienne, comme la représentation incomplète de la totalité psychique symbolisée l'androgyne, dont la nostalgie sous-tend tout l'oeuvre williamsien. Au-delà de la triade Dionysos-Orphée-Christ se dessine donc l'image d'une quaternité, le mythe de l'androgyne sous-tendant les trois autres et les dépassant par le rêve alchimique de l'harmonisation des contraires.