Les figures de Minos dans l'imaginaire antique : thalassocrate, législateur, juge infernal
Auteur / Autrice : | Charles Delattre |
Direction : | Michel Casevitz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation grecques |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Minos, souverain mythique de Crète, apparaît dans les textes grecs et latins, du Vème siècle avant notre ère jusqu'à la fin du Moyen Age, comme un personnage en action, mais aussi dans trois cas comme une ''figure'' figée. Un prédicat court lui est associé, accompagné d'un nombre restreint de motifs invariants : cette structure se distingue du mythe, car elle permet non seulement d'organiser l'imaginaire, mais suscite une réflexion théorique dans un champ particulier. Minos est d'abord thalassocrate : il a la mainmise sur la mer. A partir d'Hérodote et de Thucydide, les récits sur Minos thalassocrate permettent d'étudier d'un point de vue géostratégique les moyens de la conquête terrestre dans le bassin de la mer Egée, et donnent naissance à une histoire chronologique. Minos est législateur : il donne ses lois à la Crète. A partir des Lois de Platon, les récits sur Minos législateur permettent de s'interroger sur l'origine de la loi : les mécanismes mis en oeuvre (inspiration divine, apprentissage, émulation) donnent naissance à une philosophie, mais aussi à une géographie politique, qui unit les différents législateurs entre eux. Minos est juge infernal : à partir du Gorgias de Platon, les récits sur les juges aux Enfers permettent de se représenter l'au-delà. La réflexion eschatologique se fonde sur une éthique nouvelle, qui prend en compte la responsabilité personnelle du coupable et n'applique plus la loi du talion. Par l'intermédiaire de la Septante, elle donne naissance au Jugement Dernier chrétien. Dans les deux derniers cas, des vers de l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère sont invoqués comme garantie par Platon, qui les détourne de leur sens premier. Ces trois ''figures'' sont indépendantes les unes des autres, même si certains de leurs motifs sont caractéristiques des mythes du souverain et du tyran.