Dépossession, réappropriation et création dans six romans de Mudrooroo (Colin Johnson) : Doctor Wooreddy's prescription for enduring the ending of the world, Long live Sandawara, Master of the ghost dreaming, The undying, Underground et The promised land
Auteur / Autrice : | Françoise Kral |
Direction : | Claire Bazin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation anglaises |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Résumé
Écrivain aborigène d'expression anglaise, Mudrooroo appartient à cette génération d'écrivains engagés qui dès les années 1960 se mobilisent pour la défense de la minorité aborigène et la définition de son identité culturelle dans la société australienne. Comme tout écrivain post-colonial qui cherche à définir sa propre identité en utilisant la langue du colon, ainsi que les codes et les genres littéraires importés par ce dernier, Mudrooroo écrit sur une ligne de faille où la réappropriation des catégories du maître court sans cesse le risque de basculer dans une imitation servile, et où l'écriture de la différence peut facilement sombrer dans l'écueil d'une contre-écriture systématique de la littérature anglo-australienne au regard de laquelle elle se construit. C'est ce pari que relève dès ses débuts Mudrooroo, osant depuis quelques années une fréquentation encore plus importante de la culture du colon qu'il revisite et intègre à ses oeuvres, d'abord sous forme de références plus ou moins explicites, puis de manière plus affirmée sous forme de réécritures génériques. Dans ses derniers romans, l'odyssée côtoie le récit des vampires, et le conte se mêle au roman de détection ou au roman gothique. S'il puise tantôt dans la richesse symbolique de cet intertexte et reprend à son compte certaines allégories ou certaines paraboles particulièrement évocatrices pour son lectorat, Mudrooroo cherche avant tout à le subvertir, à l'infléchir à son propos, voire même à redéfinir les frontières génériques, s'imposant ainsi comme centre du discours. Il utilise également ce substrat culturel comme une sorte de continuum où il cherche des points de rencontre, engageant ainsi un dialogue transculturel qui donne à son oeuvre une portée plus universelle et la fait sortir du cadre post-colonial dans lequel elle semblait enfermée. Mudrooroo repense également les supports de sens, le texte mais aussi l'image, questionnant le rapport entre signifiant et signifié.