Economie et mathématiques : les méthodologies comparées de Léon Walras et Alfred Marshall
Auteur / Autrice : | Christian Saad |
Direction : | Arnaud Berthoud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Mots clés
Résumé
Traditionnellement, l'opposition entre Marshall et Walras est centrée sur leur conception différente de l'équilibre économique. Cette thèse se propose de dépasser cette conception traditionnelle pour analyser leurs méthodologies respectives à travers le prisme de la mathématisation. Les mathématiques ne sont pas considérées comme un « simple » outil méthodologique ou heuristique mais on montre que leur usage renvoie à la notion même d'économie pour ces deux auteurs. Autrement dit, il s'agit de partir des méthodologies de ces derniers pour faire émerger leurs conceptions profondes de l'économie. Dans la première partie, on procède tout d'abord à une comparaison des « philosophies de la science » de Marshall et Walras. Il s'agit d'analyser et de comprendre l'émergence de la question de la scientificité et de la mathématisation de l'économie. On s'attache également à leurs trajectoires intellectuelles et à leurs sources philosophiques. La deuxième partie de la thèse analyse la mathématisation walrasienne de l'économie à partir de sa conception de celle-ci comme physique. En effet, c'est à partir de la valeur d'échange conçue comme un fait mathématique analogue à certains concepts de la physique - tels que la chaleur ou la pesanteur - que Walras « mathématise » l'économie pure. Cependant, notre hypothèse est que la mathématisation de l'économie relève d'un projet global qui ne se limite pas à l'économie pure. Ainsi, sont étudiées la mathématisation de l'économie appliquée et celle de l'économie sociale, qui met enjeu le rapport de l'économie à l'histoire. La troisième partie de la thèse est consacrée à la mathématisation marshallienne. Chez Marshall, la question de l'usage légitime des mathématiques n'a pas fait l'objet d'une réponse claire et sans ambiguïté. D'un côté, il ne cesse de mettre en garde contre un formalisme et une approche « physiciste ». Pour autant, on remarque qu'il se trouve assez proche de Cournot voire même de Jevons en ce qui concerne précisément la mathématisation de l'économie. Cette « schizophrénie » méthodologique marshallienne débouche néanmoins sur une économie que l'on peut envisager comme une théorie de la décision politique en matière économique, de sorte qu'on peut voir dans Keynes son grand continuateur y compris dans l'approfondissement de son opposition à Walras.