Thèse soutenue

L'accouchement sous X : les débats parlementaires de 1992 à 1996 comme révélateurs des représentations de la famille et de l'individu

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Auteur / Autrice : Cécile Ensellem
Direction : François de Singly
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 5

Résumé

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L'accouchement sous X représente le droit accordé à une femme d'accoucher dans une maternité anonymement et d'y laisser son enfant. Le débat socio-politique, ponctué par deux débats parlementaires (1992 et 1996), oppose les tenants du droit à l'anonymat à ceux du droit aux origines. Il fait émerger des représentations de la famille et de l'individu structurées autour de deux axes. Le premier, ''intérêts de la famille et/ou de la société'' versus ''intérêts des individus'', oppose deux conceptions de la place de l'individu dans la famille, voire dans la société et offre des modèles de parentalité opposés. D'aucuns estiment que la volonté d'un individu peut être conditionnée à des enjeux qui lui sont supérieurs, notamment la famille adoptive, qui risquerait d'être déstabilisée par l'accès aux origines de l'enfant. La parentalité défendue est ''exclusive'', excluant les parents biologiques de l'enfant né sous X de la sphère parentale. Pour les autres, la primauté des intérêts de l'individu implique que la tranquillité des familles ne puisse constituer une entrave à l'accès aux origines. La ''pluriparentalité'' est défendue ; les parents éduquant l'enfant ne peuvent occulter les parents le mettant au monde. Le deuxième axe ''droit de la femme/protection de l'enfant'' versus ''droit de l'enfant/protection de la femme'' oppose deux conceptions de la femme et de l'enfant. Ainsi, la défense de l'anonymat s'inscrit dans une représentaion du lien mère/enfant pouvant être rompu : l'enfant est une personne à protéger moralement et physiquement et la femme ayant accouché, peut choisir de ne pas être mère. Dans la défense de l'accès aux origines, le lien mère/enfant est considéré comme indéfectible : l'enfant est un sujet autonome, un individu à part entière et la mère reste mère. Les hésitations de certains acteurs, comme les élus, s'expliquent par les tensions entre ces différentes normes de la famille et de l'individu, d'autant que les deux axes se croisent.