Pour une esthétique du personnage : Balzac et le problème de la représentation dans les 'Scènes de la vie privée'
Auteur / Autrice : | Jacques-David Ebguy |
Direction : | Jean-Yves Tadié |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Le présent travail examine, à partir de l'analyse des personnages des 'Scènes de la vie privée' de Balzac, les modes de création de ''figures esthétiques'', produits d'une composition et d'une vision. Il s'articule en trois grands mouvements. Une première partie, à valeur introductive, procède d'abord à un rapide bilan des principales conceptions du personnage et définit ensuite notre mode d'approche de la notion. Enfin, et surtout, elle envisage en quels termes Balzac pense cette question du personnage. La représentation est conçue chez lui comme une réponse à l'uniformisation de l'espace social : le roman, en quête des différences, doit adopter un nouveau régime de représentation. Mais le travail de compositeur du personnage ne consiste pas seulement à rendre la représentation possible, mais aussi à la compliquer d'une part, à l'outrer de l'autre. D'un côté, le mode de construction balzacien défait les procédures traditionnelles d'attribution de l'identité. Le personnage devient illisible, est l'objet d'une enquête mais demeure fondé sur un mystère. Son identité apparaît de surcroît plus accidentelle que substantielle. L'autre voie explorée par Balzac consiste à construire ses personnages comme des différences absolues. Ces figures sont ''héroi͏̈sées''. Surtout, c'est autour d'une ''problématique existentielle'', révélée dans des scènes dramatiques, qu'elles conquièrent leur unité et leur singularité. D'où une nouvelle définition du personnage : au-delà de la paralysante opposition monde-langage, il met en texte une possibilité de vie, à la fois abstraite et sensible, ou mieux encore, un univers virtuel, issu d'une composition esthétique et habité par une Idée. De l'identité décomposée au personnage ''idéel'' : la figure représentée accède à l'éternité.