''Magna Mater'' : la conception de la Terre comme être vivant et ses implications philosophiques
Auteur / Autrice : | Thierry Bernard |
Direction : | Pierre Magnard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de la philosophie |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Depuis 1979, une conception scientifique de la Terre, baptisée ''hypothèse Gai͏̈a'', propose de la concevoir comme un grand organisme régulant le milieu terrestre de façon à garantir à la vie des conditions optimales de croissance. Après avoir fait le point sur l'état actuel des débats autour de cette théorie, le présent travail s'attache à mettre en évidence sa dimension philosophique. La conception de la Terre comme un grand vivant a été envisagée dès l'Antiquité et en particulier durant la Renaissance. Durant cette dernière époque, un essor de l'activité minière entraîne plusieurs auteurs à s'interroger sur les processus organiques souterrains aboutissant à la formation des métaux. Leurs textes permettent d'établir qu'ils considèrent la Terre comme un être animé qu'ils nomment Terre mère ou ''Magna Mater'' (la Grande Mère). Cette conception a des implications concernant notre mode d'existence et notre rapport à la Terre. Elle modifie les relations humaines avec les animaux, le schème conceptuel de la nature maternelle fondant une fraternité des vivants, comme cela apparaît à la lecture des 'Essais' de Montaigne. De plus, la Terre considérée comme un être vivant ne peut être traitée de la même façon qu'un corps matériel inerte, ce qui nous engage à passer d'une relation d'exploitation de notre environnement à une relation de coopération. L'analyse du système de Giordano Bruno permet de mettre en évidence l'enjeu éthique de ce bouleversement.