Thèse soutenue

L'art du portrait en France au dix-huitième siècle : l'image de la société et l'histoire d'un genre à travers la pratique, la critique et la diffusion

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Auteur / Autrice : David Beaurain
Direction : Daniel Rabreau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Art et archéologie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 1

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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"Nous sommes dans le siècle des portraits", écrit Giovanni Ferri en préface d'un livre de morale publié à Paris en 1781. L' appréciation relève une opinion largement répandue et souvent reprise, mais presque inexacte. Le goût du portrait n'apparaît pas au dix-huitième siècle; il est, au mieux, "une exception de la mode et de ses caprices", comme le souligne La Font de Saint- Yenne, en 1747. En revanche, il est abondamment discuté, principalement, la peinture. Dans les brochures publiées à l'ouverture des Salons du Louvre, les amateurs développent de vieux préjugés. Ils dénoncent un talent borné à l'imitation; sans grand intérêt pour le connaisseur, puisqu'il échappe aux critères esthétiques du genre de l'histoire. Ils jettent surtout l' opprobre sur le public, qui accapare le talent des meilleurs peintres de l' Académie Royale. En l'absence d'un grand genre retrouvé et célébré, la peinture de portrait apparaît comme l'emblème d'une école de peinture décadente. Mais, le commentaire ne consiste pas seulement en une condamnation sans nuances. Dans l'Encyclopédie Méthodique, Pierre Lévesque admet que les portraits ne sont pas plus faciles à faire, reproche aux spécialistes de ne plus connaître les grands principes de l'art et condamne implicitement la séparation des genres. D'autres observateurs redéfinissent les objets de la discipline: ils contestent le portrait historié, opposent le mérite de la ressemblance et celui d'être bien peint, moralisent l'embellissement, conseillent aux artistes de sélectionner la clientèle et de s'en tenir aux Illustres, de valoriser l'expression des passions et de mettre les figures en situation. Le recours au grand genre lève quelques ambigui͏̈tés, mais ménage aussi au genre du portrait une place dans le discours théorique et la politique de renouveau des arts: en 1813, critiquant le portrait moderne et s'appuyant sur l'exemple de David, Paillot de Montabert donne réalité au "portrait à l'antique".