Le tangible et l'intangible : la tentation de l'anéantissement et l'esthétique de la liturgie dans les Chroniques romanesques de Jean Giono
Auteur / Autrice : | Eric Briot |
Direction : | Gilles Ernst |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Langue et littérature françaises |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Nancy 2 |
Mots clés
Résumé
La présente étude porte sur les Chroniques romanesques, qu'on tentera de définir comme un genre singulier et novateur, à travers les oeuvres de Giono les plus significatives, depuis Un roi sans divertissement jusqu'au Moulin de Pologne. En s'appuyant sur le détournement opéré par Giono à partir de la conception pascalienne du divertissement, on tentera ainsi de définir une forme de ''divertissement essentiel'', approche paradoxale et inattendue de l'Etre et de la mort à laquelle le récit lui-même participe pleinement. D'où la nécessité de mesurer, dans le même temps, le travail spécifique qu'imprime Giono au genre de la chronique, qu'il s'approprie sans partage et qu'il dote d'un pouvoir formel jusqu'alors inusité. A cette première étape, qui correspond à l'invention d'un genre, il convient cependant d'opposer un autre pan, qui irradie et place littéralement sous tension ce nouvel art du récit : Giono, à travers les Chroniques romanesques, entretient en effet une parole originelle, dont la teneur se distingue avant tout de par sa proximité avec le sacré et de ce qu'elle participe d'une forme essentielle et méconnue du Mal : le détournement de la substance productive du réel au profit de la gratuité unique et précieuse de l'oeuvre d'art. C'est ainsi que s'achèvera notre étude, dans l'indétermination et l'inconfort qui caractérise tout discours critique lorsqu'il s'attache à définir l'objet de sa recherche au regard même de ce qui le nie. L'intangible demeure, jusqu'au bout, la ligne d'horizon vers laquelle tend toute la matière tangible du récit et, par le fait, l'entreprise d'éclaircissement qui l'accompagne.